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L'Afrique dénonce l'hypocrisie de la Banque mondiale

par Akodien 19 Mai 2007, 00:00 Nouvelles du jour

216px-Paul-Wolfowitz-2006.jpgLa crédibilité du discours que tient la Banque mondiale à l'Afrique, en prônant transparence et bonne gouvernance, est écornée par l'affaire de népotisme qui a poussé Paul Wolfowitz, son président, à décider de renoncer à ses fonctions.

Les gouvernements africains, accusés de façon récurrente par les élites du Nord d'être corrompus, sont habitués depuis des années au refrain des délégations de la Banque mondiale sur la nécessité d'assainir leurs pratiques et de rendre leur gouvernance plus rigoureuse et transparente.

Après plusieurs semaines d'incertitudes, Wolfowitz a accepté jeudi de démissionner après la vague d'indignation soulevée en raison de son rôle dans l'avancement de sa compagne Shaha Riza, une ancienne experte du Proche-Orient auprès de la Banque.

En Afrique, cette décision a été très bien accueillie.

"Il n'appliquait pas à lui-même ce qu'il préconisait aux autres", a observé Charles Mugabo, gérant d'un cyber-café de Bujumbura. L'affaire Wolfowitz, a-t-il jugé, est une leçon pour les pays occidentaux qui ne doivent pas être si prompts selon lui à se proclamer supérieurs au reste du monde sur le plan de la moralité.

"INTEGRITE EN JEU"

"Comment peut-on faire la leçon à l'Afrique quand on utilise l'argent de la Banque mondiale pour donner une augmentation à sa petite amie?", a interrogé Dick Musisi Mpiima, président de l'Association des exportateurs, importateurs et commerçants d'Ouganda.

Les experts africains pensent que, dans l'ensemble, ce scandale nuira à la principale campagne de la Banque mondiale, qui est de promouvoir la bonne gouvernance et l'honnêteté dans les affaires sur un continent dont les groupes étrangers s'arrachent les richesses naturelles.

"Son intégrité est en jeu", a estimé Maxwell Mkwezalamba, commissaire de l'Union africaine aux Affaires économiques.

Pour beaucoup d'Africains, cette affaire illustre par ailleurs la nécessité d'élargir la gestion de la Banque pour refléter la diversité de ses membres.

Ce sont les Etats-Unis, son plus grand actionnaire, qui ont toujours choisi son président. Si elle est le continent le plus concerné par les décisions de cette institution, l'Afrique n'a jamais eu son mot à dire dans ce choix éminemment stratégique.

"Nous sommes un acteur important parce que nous empruntons de l'argent à la Banque. Nous devons par conséquent avoir notre mot à dire", a dit le ministre zambien de l'Information, Mike Mlongoti.

MAUVAIS MESSAGE

D'autres ont regretté le départ de Wolfowitz, qui était selon eux sensible aux problèmes et aux besoins de l'Afrique.

"La Banque a perdu un homme qui aimait l'Afrique", a estimé Esther Passaris, une femme d'affaires basée à Nairobi.

Pour Alphonse Muzito, ministre du Budget de la République démocratique du Congo, Wolfowitz est la victime de ses ennemis au sein de la Banque.

Tous s'accordent cependant sur le fait que le scandale envoie précisément le mauvais message aux dirigeants africains, très courtisés par les entreprises occidentales et par l'ambitieuse diplomatie chinoise.

"La façon dont Wolfowitz a négocié une augmentation pour sa compagne équivaut à celle dont le président Idriss Déby a détourné les revenus du pétrole", a estimé Ngarlegy Yorongar, un opposant du président tchadien.

Wolfowitz avait brièvement suspendu au début 2006 le versement des prêts de la Banque au Tchad en accusant N'Djamena d'avoir enfreint un accord en amendant unilatéralement une législation sur les revenus pétroliers pour puiser dans un fonds réservés en théorie aux générations futures.

"Il serait dommage de revenir à cette vieille époque où les représentants de la Banque mondiale en Afrique entretenaient des relations très intimes avec les dirigeants", a estimé Maïna Kiai, membre d'une organisation kényane de défense des droits de l'homme.

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