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Emission Akody du 17 mai 2007

par Akodien 20 Mai 2007, 16:21 Echos d'Akody

bakary300X300.gifLe code de l’indigénat

 

Le gouvernement français imposa, en 1887, le Code de l’indigénat à toutes ses colonies. En général, ce code assujettissait les autochtones et les travailleurs immigrés aux travaux forcés, à l’interdiction de circuler la nuit, aux réquisitions, aux impôts de capitation (taxes) sur les réserves et à un ensemble d’autres mesures tout aussi dégradantes. Il s'agissait d'un recueil de mesures discrétionnaires destiné à faire régner le «bon ordre colonial», celui-ci étant basé sur l'institutionnalisation de l'inégalité et de la justice. Ce code fut sans cesse «amélioré» de façon à adapter les intérêts des colons aux «réalités du pays».

 

Le Code de l’indigénat distinguait deux catégories de citoyens: les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français, c’est-à-dire les Africains noirs, les Malgaches, les Algériens, les Antillais, les Mélanésiens, etc., ainsi que les travailleurs immigrés. Les sujets français soumis au Code de l’indigénat furent privés de la majeure partie de leur liberté et de leurs droits politiques; ils ne conservaient sur le plan civil que leur statut personnel, d'origine religieuse ou coutumière.

 

Après la loi du 7 avril 1946 abolissant le Code de l’indigénat, les autochtones (Nouvelle-Calédonie, Madagascar, Algérie, etc.) purent à nouveau circuler librement, de jour comme de nuit, et récupérer le droit de résider où ils voulaient et de travailler librement. Cependant, les autorités françaises réussirent à faire perdurer le Code de l'indigénat en Afrique française pratiquement jusqu'à l'Indépendance.

 

 

afficheindigenes.jpeg« Indigènes » : le film

 

Le film Indigènes de Rachid Bouchareb, réalisateur algérien, a reçu le prix d’interprétation masculine pour ses cinq acteurs "Premier rôle", Jamel Debbouze, Samy Nacéri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan.

 

Ils sont unis, tout au long du film, par le hasard de l’affectation militaire, qui les a tous versés, engagés volontaires de 1940, dans le 7ème RTA, Septième Régiment de Tirailleurs Algériens.

 

Ils sont des enfants du bled, ils ont été élevés en Algérie dans les années 1930 dans une société inégalitaire, où les "indigènes" n’étaient pas des citoyens français comme les autres. Mais à l’heure où la patrie souffre, à l’heure où elle est envahie, que peuvent bien faire ces différences... Tout soldat est bon à prendre.

 

A partir de leur aventure, sur la trame de leur héroïsme qui rendra à la France, dès le débarquement des alliés en Italie, une place à la table des vainqueurs, Rachid Bouchareb réalise une magnifique fresque qui accompagne leurs combats et raconte, sans exagération pédagogique et sans effet de pathos, leurs difficultés, leurs désillusions, et toujours leur courage et leur droiture.

 

On aurait mauvaise grâce à lui reprocher ses arrière-pensées politiques. Indigènes n'entend pas seulement inviter la France à reconnaître le mérite de ces hommes considérés comme des sous-patriotes, ni rappeler qu'au début des années 1960 leurs retraites et pensions d'invalidité furent gelées. Il induit un examen de conscience sur la manière dont, aujourd'hui, notre pays regarde et traite ces citoyens beurs blancs rouges.

 

Au passage, le film nous rappelle que les pensions militaires de ces soldats d’exception de l’armée d’Afrique furent gelées, dès la fin des années 1950, et que plusieurs années après avoir été rendu, l’arrêt du Conseil d’Etat qui oblige la France à les rétablir dans leurs droits légitimes, à l’égal de leurs compagnons d’armes d’origine européenne... n’est toujours pas appliqué ! Ultime abandon, et terrible économie, de la part de la République française, vis-à-vis de ceux qui se faisaient tuer pour elle en 1944-1945.
 

La charge émotionnelle du film tient à l’évidente iniquité du sort réservé à ces soldats régulièrement traités de « bougnoules » entre deux raids épouvantables, mais aussi à la duperie dont ils sont les jouets. Leur sang n’achète que la liberté reconquise de leurs maîtres.
Indigènes commence donc en 1943 en Afrique du Nord. Un recruteur arpente les ruelles des bleds pour inciter les hommes à rejoindre l’armée afin de libérer la «mère patrie » de l’envahisseur nazi. Les candidats se bousculent et le récit nous permet de suivre le parcours de quatre d’entre eux, depuis les premiers combats sur les contreforts brûlants de la Sicile jusqu’aux coups de feu avec l’ennemi en déroute dans un village alsacien. Saïd (Jamel Debbouze), Yassir (Samy Naceri), Messaoud (Roschdy Zem) et Abdelkader (Sami Bouajila) n’ont jamais foulé le sol français, auquel ils se sentent néanmoins intimement liés.


La négrophobie serait moins pénible en France qu’en Tchchie ?

 

La ligue de football professionnel a rendu son verdict aujourd'hui dans l'affaire "Milan Baros"; 3 matchs de suspension à l'endroit du joueur tchèque qui, comme bien d'autres avant lui, bénéficie de la clémence complice des instances face à la négrophobie, pour son geste ignoble à l'endroit de Stéphane MBIA, le camerounais. Voila ce que vaut un footballeur noir agressé en France devant de milliers de spectateurs et téléspectateurs. Pourtant le pays d'où est ressortissant le joueur tchèque en demandait plus, car trouvant que son geste n'honorait ni la nation encore moins le sport, mais la France en a décidé autrement, fidèle à elle même.

 

Comme il fallait s'y attendre, l'impunité a été la sanction retenue contre une agression négrophobe.

 

 

Moralité de l'histoire ? Pour bien vivre sa négrophobie et se voir décerner un prix pour cela, vaut mieux habiter le Pays de Napoleon, Colbert, Gobineau, De Lapouge, Jules Ferry, Renan, Victor Hugo bref il faut habiter la patrie fondatrice du code Noir.

 

 

Voila ce que prônait la presse tchèque:

 

«Pincez votre nez, le geste de Baros pue», titre l'un des principaux quotidiens du pays, Dnes. «Il est insensé de dire qu'il ne s'agissait pas d'un geste raciste», indique le journal qui rappelle un autre geste controversé, fait par le joueur italien Paolo di Canio. «Canio affirmait que son salut nazi était en fait le salut romain. Mais la foule en effervescence qui levait le bras droit à son instar, ne le pensait évidemment pas».

 

Plus sévère encore, le quotidien populaire Blesk écrit : «Baros était le roi. Maintenant, il n'est qu'un joueur médiocre, avec la flétrissure d'un raciste et d'un imbécile. Est-il devenu fou ? Oui, oui, oui !», s'exclame Blesk qui juge «impardonnable» le geste de l'attaquant. Le journal Pravo rappelle qu'en République tchèque, le même geste serait suivi d'une suspension du joueur pour la période entre trois semaines et six mois, liée à un amende de 17.850 euros.

 

 

La victoire de Sarkozy vue par la presse africaine

 

Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac. L’ancien ministre de l’Intérieur a remporté la présidentielle, dimanche, avec 53% des voix face à la candidate socialiste Ségolène Royal. La presse africaine a largement couvert cet événement, commentant la place qui pourrait être accordée au continent africain pendant le quinquennat du nouveau président. Les avis sont assez mitigés concernant les intentions de Nicolas Sarkozy, qui a promis, juste après l’annonce de sa victoire, d’aider l’Afrique et de se pencher sur la création d’une union méditerranéenne.

 

 

Algérie : pas de repentance pour Sarkozy

 

Les Algériens connaissent bien Nicolas Sarkozy, qui à plusieurs reprises s’est rendu dans leur pays. De là à dire que les relations seront au beau fixe, c’est une autre histoire. Le quotidien algérien La Tribune s’interroge : « Quelle sera sa politique algérienne ? Sera-t-il le continuateur de Chirac ou proposera-t-il des inflexions ? Et quelles inflexions ? » Surtout, il met en lumière les divergences historiques qui séparent les deux pays. « Farouchement opposé à toute repentance de la France sur toutes les pages de son histoire, à toute lecture-vérité du passé, Sarkozy tient, par contre, à développer des relations privilégiées avec l’Algérie ». Plus tranché, le journal algérien Le Quotidien d’Oran juge qu’il est « inquiétant » que Nicolas Sarkozy ait « achevé sa campagne électorale du second tour par des déclarations surprenantes sur l’avenir des relations franco-algériennes en excluant notamment toute idée de repentance sur la période coloniale, comme le souhaitent les Algériens ». Rappelant que « loin de la tradition pro-arabe de ses prédécesseurs à l’Elysée, Nicolas Sarkozy affiche ouvertement son soutien au gouvernement israélien », le media ajoute qu’il est « hostile à la signature d’un traité d’amitié avec notre pays ». Et de conclure que, « déjà difficiles sous Jacques Chirac, les relations franco-algériennes devraient traverser des périodes de turbulences dans les prochains mois ».

 

 

La Françafrique toujours d’actualité ?

 

Dans les colonnes du quotidien sénégalais Walf Fadjri, le politologue Albert Bourgi a expliqué que la Françafrique ne sera pas enterrée avec l’élection de Nicolas Sarkozy. «Selon lui, la plupart des chefs d’Etat de l’Afrique centrale ont des liens privilégiés, non pas seulement avec le nouveau président français, mais avec son entourage, dont certains sont ou ont été des piliers de la Françafrique. D’ailleurs, on aurait aperçu dans le siège de la campagne électorale de Sarkozy la fille du doyen Omar Odimba Bongo », rapporte le journal. Le spécialiste estime que le nouveau président sera le « protecteur du pré-carré français », notamment en Afrique centrale, et qu’il y a peu de chances que soient remis en cause les accords de défense qui permettent aux Français d’établir des bases militaires sur le continent. A noter que plusieurs chefs d’Etat africains ont félicité la victoire de Nicolas Sarkozy, dont le Sénégal et la Tunisie. Le président tunisien, Zine el Abidine Ben Ali, a envoyé un message à Nicolas Sarkozy, sans ambiguité sur la volonté de préserver les liens étroits avec l’Hexagone : « Je voudrais saisir cette heureuse occasion pour vous dire mon entière disponibilité à poursuivre avec vous la tradition de dialogue et de concertation qui a toujours caractérisé les relations historiques tuniso-françaises, et vous assurer de ma détermination à œuvrer en vue de consolider l’amitié et d’enrichir la coopération entre nos deux pays ».

 

 

Quel avenir économique pour l’Afrique ?

 

« La "fin" programmée des "réseaux" » signera-t-elle « enfin la décolonisation monétaire et financière du continent ? » se demande le quotidien burkinabè Sidwaya. Qui poursuit : « Les africains, en tout les cas, devront saisir cette opportunité pour ouvrir ce débat salvateur. Tout comme la délicate question des APE (Accords de partenariats économiques) devra être tranchée positivement (il faut les renvoyer aux calendes grecques) si "Sarko" veut faire de sa "politique de développement ambitieux" en direction de l’Afrique, une réalité. L’aide qui assassine l’aide et un partenariat débarrassé des arrières-pensées colonialistes, voilà la panacée ». Le journal note que le projet d’une «union méditerranéenne» laisse «sceptique» les habitants « de l’autre côté de la Méditerranée ». « Même si Sarkozy a invoqué une "union méditerranéenne", trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, promettant "d’aider" le continent à "vaincre la maladie et la pauvreté", on attend, là aussi, de juger sur pièces », estime, méfiant, Sidwaya.

 

 

Sarkozy, l’homme qui voulait rassurer

 

Le quotidien sénégalais Le Soleil note que, « comme il l’a toujours souhaité et c’est d’ailleurs son slogan, "Tout va devenir possible !". Vu l’ambiguïté de ce slogan, Nicolas Sarkozy se veut néanmoins rassurant en promettant d’emblée qu’il va être "le président de tous les Français" ». Et le journaliste de poursuivre : « Sarkozy rassure ses compatriotes : "Il n’y a pour moi qu’une seule France. Je serai le président de tous les Français", a-t-il déclaré, avant de les inviter à "s’unir tous", car dit-il, son élection "n’est pas la victoire d’une France contre une autre" ». Une insistance peut-être destinée à réparer la blessure qu’il a causée lorsqu’il a repris le terme de « racaille » pour parler de certains jeunes de banlieue et lorsqu’il a utilisé l’expression « nettoyer au Kärcher » en parlant des quartiers difficiles. Des sorties qui « lui ont valu une impopularité tenace et l’ont empêché encore de se déplacer dans les quartiers sans une importante escorte policière », conclut Le Soleil. Un passé électrique sur lequel revient également le journal algérien Le Quotidien d’Oran : « Au ministère de l’Intérieur, il s’était notamment distingué par une politique ultra sécuritaire, provoquant de nombreuses tensions avec les jeunes d’origine immigrée vivant dans les banlieues difficiles. Il a également, à plusieurs reprises, tenu des propos très durs à l’encontre des populations d’origine musulmane les accusant notamment d’"égorger leurs moutons dans la baignoire", de ne pas respecter leurs femmes ou de ne pas aimer la France ».

 

 

Conclusion, la presse africaine fait montre d’une certaine inquiétude, mais cherche plutôt à voir ce que le nouveau président français mettra en oeuvre concernant le continent africain. Le temps dira si ceux qui le craignaient avaient raison.

 

 

Le geste de Baros jugé « inqualifiable » mais pas « raciste »

 

Milan Baros accepte la sanction de trois matchs de suspension prises contre lui par la LFP après un geste équivoque effectué contre le défenseur camerounais Stéphane Mbia, le 18 avril dernier, lors d’un match du championnat français. L’international Tchèque de Lyon est soulagé que l’accusation de racisme n’ait pas été retenue.

 

L’internationale Tchèque de l’Olympique lyonnais Milan Baros a déclaré samedi dernier qu’il accepte la sanction de trois matchs prises à son encontre, la veille, par la commission de discipline de la Ligue de football professionnelle. Lors d’un duel musclé avec le défenseur camerounais de Rennes, Stéphane Mbia, le 18 avril dernier, l’attaquant s’était pincé le nez et éventé comme pour chasser une mauvaise odeur. Manquant de preuve, la commission n’a pas retenu la circonstance aggravante de racisme qui aurait valu au moins six matchs de suspension à Milan Baros.

 

« Il n’est pas dans les pouvoirs de la commission de sonder les âmes et les cœurs », a expliqué la LFP dans ses attendus. Elle a jugé que le « comportement » du footballeur, « inadmissible et inqualifiable », était « de nature à instaurer pendant une rencontre un climat d’intolérance et une atmosphère viciée, génératrice de conflits et de tensions ».

 

 

Une décision « paradoxale »

 

Dès vendredi, trois associations antiracistes, dont SOS Racisme, s’étaient pourtant étonnées de la décision « très paradoxale » de la LFP. « Cette décision est totalement incompréhensible : si c’est une insulte comme une autre, la sanction est trop importante par rapport aux sanctions habituelles, si c’est une injure à caractère raciste, la suspension est scandaleusement faible », a indiqué le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) dans un communiqué. Mouloud Aounit, Son secrétaire général, étant d’autant plus désolé que « la dimension raciste » du geste était selon lui« sans ambiguïté ».

 

Pour la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), la décision rendue par la LFP est un « sombre mystère ». L’association juge que les explications du joueur, notamment celles selon lesquelles il a des amis Noirs, ne sont « ni probants, ni valables, encore moins sérieux pour qualifier l’acte. Ce sont justement les rhétoriques entendues et utilisées systématiquement de longue date par les racistes pour se défendre. »

 

Concernant d’éventuelles suites juridiques, le MRAP a consulté dès vendredi son service spécialisé. Mais le secrétaire général de SOS Racisme, Hermann Ebongue, a indiqué que «la législation exige des éléments de preuve que nous n’avons pas».

 

 

La communauté africaine de France face à l’élection de Nicolas Sarkozy

 

Nicolas Sarkozy est le nouveau Président de la République. Comment la communauté africaine a réagi face à cette annonce ? Comment imagine-t-elle l’avenir de la France ? C’est ce qu’Akody a voulu savoir en questionnant

des Africains ou des Français originaires d’Afrique vivant en région parisienne.

 

 

Khadija, 44 ans, sénégalaise, Dame de service dans une école primaire:

 

« J’ai eu un pincement au cœur à l’annonce des résultats. J’ai eu peur pour mes cousins et oncles qui ne sont pas régularisés. Quand Sarkozy parle de création d’un Ministère de l’immigration et de l’identité national, on se demande où va la France. C’est un homme qui est trop dans l’extrême, voilà pourquoi je suis déçue et anxieuse car je me demande comment ça va se passer. Avec Nicolas Sarkozy au pouvoir, je ne vais vraiment pas me sentir en sécurité. Mais qui sait, on aura peut être des surprises par la suite ».

 

 

Yacine, 23 ans, français d’origine algérienne, Etudiant :

 

« Ma première réaction a été de rire nerveusement. Me dire que un français sur deux est sarkozyste m’a choqué et déçu à la fois. Je pense que Nicolas Sarkozy est trop extrême dans ses propos notamment en ce qui concerne l’immigration. Ce résultat va tout simplement augmenter les bavures et les abus de pouvoirs. Les contrôles seront permanents.»

 

 

Abdul, 17 ans, français d’origine marocaine, étudiant :

 

« Je préfère attendre le résultat de son travail pour juger. Car il est clair que je ne suis pas pour Sarkozy mais je pense qu’il est capable de faire de bonnes choses. »

 

 

Hadia, 27 ans, française d’origine guinéenne, Infirmière :

 

« J’ai été très angoissée par le résultat et j’ai eu peur pour le futur. Je pense que le gouvernement va être dur et stricte. Et en tant que noir, ayant de la famille vivant clandestinement, j’appréhende ce qui risque de se passer ».

 

 

Amadou, 22 ans, Congolais, restaurateur, en France depuis 2005 :

 

« Je n’étais pas pour Sarkozy, mais le voir gagner l’élection ne m’a pas fait plus peur que ça. Je pense que la communauté africaine se fait trop de souci pour finalement pas grand chose. Ce nouveau président n’est pas différent des autres à mes yeux. Il dit simplement les choses comme elles sont. Je pense en tout cas qu’il sera plus efficace que Ségolène Royal aurait pu l’être ».

 

 

Chloé, 29 ans, Ghanéenne, fonctionnaire, en France depuis 1986 :

 

« J’ai été très heureuse d’apprendre que Nicolas Sarkozy est notre nouveau président. Je pense qu’il était le seul candidat capable de sauver la France de tous ses problèmes. Il faut arrêter de cataloguer Monsieur Sarkozy. Ce n’est pas un facho, ce n’est pas un raciste, lui-même est d’ailleurs d’origine étrangère. Tout ce qu’il souhaite, c’est améliorer les conditions de vie des Français. Déjà que c’est difficile au jour d’aujourd’hui, en continuant d’accueillir des immigrés, ça ne va sûrement pas s’arranger. Nicolas Sarkozy représente pour moi l’espoir français. »

 

 

Zakarrya, 24 ans, Maroco- Malien, à la recherche d’un emploi, née en France :

 

« J’ai peur que Nicolas Sarkozy ne fasse plus de mal que de bien, peur que la France ne devienne une France à la Bush. Et les français devront assumer les résultats de son travail. Je pense qu’il y aura forcément de l’abus de pouvoir. »

 

 

Charifa, 25 ans, française d’origine algérienne, assistante de production :

 

« Je suis très déçue de la France et des Français. J’ai suivi de très près la campagne de Nicolas Sarkozy et je pense que les personnes qui ont voté pour lui ne connaissaient pas vraiment son programme et se sont attachées au personnage. Mais après tout, nous sommes en démocratie et chacun est libre de voter ce qu’il souhaite ».

 

 

Halimatou, 56 ans, Guinéenne, Femme de ménage, en France depuis 1970 :

 

« Face à la victoire de Nicolas Sarkozy, je n’ai pas eu de réaction particulière car je m’y attendais. Concernant son programme, je pense que de toute façon il ne pourra pas appliquer toutes ses idées. Et de plus, il se doit de gouverner avec le peuple et pas seul car sinon on va droit à la guerre civile. Concernant l’immigration, il est clair que la France ne peut pas accueillir tous les immigrés du monde. Simplement je pense qu’il faudrait aider les immigrés qui sont déjà là en les régularisant. Limiter les flux migratoires, oui, mais tout en restant ouvert ».

 

 

Passage de témoin Chirac-Sarkozy : vers des relations France-Afrique plus sereines ?

 

Lors de son investiture, au Palais de l’Elysée, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’en terme de politique étrangère il ferait « de la défense des droits de l’homme et de la lutte contre le changement climatique les priorités de l’action diplomatique de la France. » Soulignant le désir des citoyens européens de se sentir protégés, il est ensuite revenu sur une idée qu’il a défendue tout au long de sa campagne, celle d’une Union de la Méditerranée qui serait l’une des clefs de la lutte contre le terrorisme islamiste : « Je me battrai pour l’union de la Méditerranée. En tournant le dos à la Méditerranée, la France a cru tourner le dos à son passé. En fait, elle a tourné le dos à son avenir. », a-t-il déclaré. Puis il a affirmé que le développement de l’Afrique sera l’un des objectifs de sa mandature : « Je me battrai pour le développement de l’Afrique, parce que le destin de l’Europe et celui de l’Afrique incontestablement sont liés. »

 

 

Tout de suite après les résultats de son élection, le 6 mai dernier, il avait aussi exprimé, à la salle Gaveau, son désir d’aider au redressement de l’Afrique, en déclarant qu’en collaboration avec les gouvernements du continent il comptait mener « une politique de développement ambitieuse ». Cependant, l’incertitude demeure sur la manière dont il compte s’y prendre pour faire de cet objectif une réalité et l’énergie qu’il y mettra. Et il faut se rappeler que lors de la conférence de presse sur la politique internationale qu’il avait tenue le 31 mars, à Paris, il avait clairement expliqué que l’Afrique ne serait plus une priorité : « nous redéploierons notre force diplomatique sur cette partie du monde qu’est l’Asie », car c’est une région qui a « un potentiel de croissance immense ».

 

 


Nicolas Sarkozy veut se démarquer de Jacques Chirac

 

Jacques Chirac qui, lors du dernier Sommet France-Afrique, avait fait une véritable déclaration d’amour à l’Afrique et rappelé ses « liens personnels » avec nombre de chefs d’Etat en place, s’est régulièrement fait le défenseur des intérêts du continent dans les instances internationales. Il a, par exemple, proposé une taxe sur les billets d’avion (UNITAID) pour aider à la lutte contre les grandes pandémies comme le sida. Toutefois, il n’a jamais attribué au développement 0,7 % du PIB de la France, comme le recommandait l’Onu.

 

 

Au cours de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a exprimé sa volonté de se démarquer de ses prédécesseurs, dont Jacques Chirac, dans la gestion si souvent critiquée des relations France-Afrique. Le 31 mars, il affirmait à ce sujet qu’il fallait les « débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autres mandats que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés, notamment avec nos partenaires africains et arabes. » Son arrivée sonne-t-elle le glas de la Françafrique, des amitiés particulières, du soutien à des régimes violents et corrompus, de la cellule Afrique de l’Elysée qui, il y a deux semaines encore, entravait le travail de la Justice dans le cadre de l’affaire du juge Borel ? La plupart des journaux d’Afrique peinent à le croire et parient le contraire. Il sera en effet difficile, à supposer que la volonté y soit vraiment, de modifier des méthodes et un fonctionnement bien ancrés.

 

 

La question de l’immigration est l’un des sujets les plus sensibles qu’aura à traiter le nouveau Président de la République. Elle est aussi celle qui, la première, soulève l’hostilité à son égard de l’autre côté de la Méditerranée. Il a exprimé une position extrêmement ferme sur le sujet pendant la campagne électorale, en précisant toutefois qu’il souhaitait la régler en collaboration avec les pays d’émigration. La mise en place d’un réel dialogue et l’adoption d’un ton moins brutal de la part du premier des Français et de son gouvernement pourraient faire sensiblement progresser le règlement de cette question majeure.

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