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L'Afrique sauve la francophonie

par Marie Maurisse 24 Octobre 2010, 23:40 Lu pour vous

418px-Emblem_of_La_Francophonie.pngPlus de 220 millions de personnes parlent français dans le monde. Mais l'organisation internationale de la francophonie (OIF) manque encore de crédibilité.

C'est sur les rives du lac Léman, au cœur de la Riviera suisse, que l'OIF tient son 13e sommet. L'événement, qui a lieu jusqu'à dimanche soir à Montreux, coïncide avec le 40e anniversaire de la Convention de Niamey, acte fondateur de la francophonie.

Dès vendredi, 40 chefs d'État et de gouvernement ainsi que 3 000 délégués de 70 pays  se sont rendus aux pieds des Alpes pour participer aux réunions qui déboucheront sur la signature de la «Déclaration de Montreux», document établi selon trois thèmes prioritaires: la francophonie dans la gouvernance mondiale, le développement durable, l'apprentissage du français dans un monde globalisé.

D'après le rapport de l'organisation publié la semaine dernière, plus de 220 millions de personnes parlent la langue de Molière dans le monde et 116 000 sont en train de l'apprendre. Le français est aussi la troisième langue sur Internet. Ces chiffres records sont surtout dus au dynamisme du continent africain. «Selon une projection, en 2050, le continent noir pourrait concentrer 85 % des locuteurs francophones de la planète», note le quotidien romand Le Temps.

«Oser parler français»
Dans ce contexte multilingue, les défenseurs du français prônent l'ouverture. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, affirme ainsi que «la francophonie ne doit pas être opposée à l'anglophonie. L'heure n'est plus aux combats d'arrière-garde ! Il est important que l'Afrique francophone parle aussi anglais, et réciproquement».

Malgré toujours plus de locuteurs, la francophonie manque cependant de poids politique. 90 millions d'euros de budget en 2009 - dont la France verse 40 % - ne suffisent pas à lui donner de la superbe. Il est loin le temps où Léopold Sédar Senghor vantait «l'humanisme moderne» de la francophonie. Pour le site Swissinfo, celle-ci est désormais une sorte «d'ONU au rabais», car «la place réservée à cette langue se réduit, notamment dans les instances internationales». «Le français n'est pas plus utilisé au niveau de l'Union européenne, déplore aussi Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF. Il faut oser parler français même si ce n'est pas dans le vent.»

En Suisse non plus, parler français n'est pas à la mode. Dans la partie alémanique du pays, la majorité des cantons optent pour l'anglais comme première langue étrangère obligatoire dans l'enseignement, tandis que seuls 1,4 % des gens y parlent le français comme langue principale.

Autre motif de critiques: les pratiques de certains membres de l'organisation qui détourneraient des fonds. Laurent Gajo, enseignant à l'université de Genève et spécialiste du sujet, se veut malgré tout optimiste. «L'OIF finance des chantiers importants en termes de coopération internationale et de développement. Elle évolue», estime-t-il.

Samedi, Nicolas Sarkozy sera présent à Montreux pour participer aux discussions, entre autres celles sur le processus électoral en Guinée et les tensions au Sahel. Le sommet peut «influer sur les grandes questions qui agitent le monde» , a déclaré la ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey. Les chefs d'État devront aussi confirmer l'adhésion de nouveaux membres ainsi que la réélection d'Abdou Diouf à la tête de l'organisation.


Abdou Diouf rempile

Le Sénégalais Abdou Diouf, 75 ans, a été réélu samedi 23 octobre secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, par les chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet à Montreux (Suisse). Seul candidat en lice, l'ancien président sénégalais, qui occupe ce poste depuis huit ans, a été élu à l'unanimité pour un nouveau mandat de quatre ans.

Son rôle au sein de la Francophonie, Abdou Diouf le définit lui-même comme "une magistrature d'influence". "C'est le pouvoir de convaincre et non pas de contraindre, d'ailleurs je n'ai pas les moyens de contraindre", commente-t-il.

En lui réaffirmant son soutien samedi à Montreux, le président français Nicolas Sarkozy a salué "son autorité sur la scène mondiale". Ses collaborateurs à l'OIF vantent ses qualités de diplomate dans les crises en Afrique, dont il connaît les dirigeants. A l'inverse certains, comme le poète sénégalais Amadou Lamine Sall, regrettent qu'il ait fait de la Francophonie une organisation "plus politique que culturelle".

Seul candidat en lice
Trente-huit chefs d'Etat et de gouvernement sont réunis jusqu'à dimanche à Montreux pour le 13e sommet de l'OIF.

L'Organisation de la Francophonie, qui fête cette année ses 40 ans, regroupe 56 Etats et gouvernements membres et 14 pays observateurs. Elle dispose d'un budget d'environ 80 millions d'euros, dont le premier contributeur est la France (à près de 40%). Le français est parlé par 220 millions de personnes, selon le dernier rapport de l'OIF, ce qui en fait la 9e langue mondiale.
Outre son action en faveur de la promotion de la langue française et de l'éducation, l'OIF mène aussi une action plus politique de défense des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Dans ce cadre, elle assure des médiations dans les conflits, aide à l'organisation d'élections et condamne les coups d'Etat. Elle peut prononcer la suspension de certains membres : c'est le cas de la Guinée et de Madagascar.

L'écrivain française d'origine camerounaise Calixthe Beyala avait annoncé vouloir succéder à Abdou Diouf mais sa candidature n'avait pas été retenue, puisqu'elle n'était soutenue par aucun pays.

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