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Fatou Laobé : La gardienne du temple Laobé

par Akodien 9 Juin 2007, 13:58 Radio Can-Can

laobe.jpgFatou Laobé a été nourri par une grand-mère affectueuse qui aimait chantonner en Pulaar. C’est dans cette ambiance qu’elle à évolué lorsqu’en 1982 elle a décidé de mettre un terme à ses études et de se consacrer entièrement à sa passion pour la musique. Son talent inné se situe non seulement dans sa voix parce que Fatou est au commencement apparue au public comme chorus-chanteuse et excellente danseuse, accompagnant des chanteurs comme Abou Diouba , Ousmane Hamady Diop ou Baaba Maal.
Aujourd’hui, on ne présente plus cette dame dans le show-biz au Sénégal. Elle a voyagé autour du monde plusieurs fois avec Youssou Ndour et Abou Juuba. Remplie de volonté, elle a refusé de se contenter des seconds rôles, de danser ou faire les choeurs. En 2000, après douze ans de travail acharné derrière Abou Diouba, elle sort son premier album avec Jololi intitulé « L’an 2000 » en compagnie de son groupe le « Laobégui groupe ». Fatou Laobé veut remettre en état la culture Laobé plus précisément la danse traditionnelle du « leumbeul », expression de la grâce féminine qu’elle défend avec enthousiasme.

Une « femme » de scène
Les exécutions de Fatou Laobe sont un spectacle grandiose avec les arts colorés vibrant de la culture Laobé. Entre ses mouvements dansants spectaculaires exécutés avec ses trois danseuses, l'arôme de l'encens , et sa voix unique c’est un cocktail détonnant qui ne laisse personne…indifférent car le " Leumbeul " est une danse qui exclut toute forme de timidité et exalte un sens audacieux de l’expression corporelle dans toute sa splendeur et sa sensualité.

Boutiques laboratoires
On a toujours assimilé et à juste titre l’art de la séduction et des bonnes petites choses aux Laobés, lance t-elle. « Tu sens le bon thiouraye , tu portes un joli pagne …on te demande si tu es Laobée ». Elle dit maîtriser les ressources et les artifices de la séduction et de l’érotisme traditionnel, un savoir qu’elle tient de ses ancêtres. Pour cette raison elle à mis en place des boutiques labo ou l’on retrouve tout cet arsenal de séduction, ceintures de perles, petits pagnes et encens.
Elle s’amuse à baptiser avec des noms évocateurs les nouvelles compositions d’encens qui demandent de la patience et une préparation méticuleuse ( Raay mou nélaw, wakh ma sa khalaat, sankhal, spaghetti, macaroni, Thiokorobolé… En outre l’encens, ce n’est pas seulement pour agrémenter son espace, le raffinement commande qu’une femme, avant de sortir s’imprègne d’encens qui ne laisse personne indifférent à son passage.
L’arsenal de séduction ne se limite pas seulement aux odeurs, il y a aussi les petits pagnes ou «bethio» coupés dans la soie, le coton, ornés avec de petites perles, découpés selon des géométries perverses qui renseignent sur l’imaginaire érotique des femmes Sénégalaises.
Et sa façon de cracher la vérité à ses interlocuteurs, qu’importe leur identité. Nous avons justement voulu comprendre pourquoi ce comportement de tigresse chez l’ambassadrice des Lawbés du Sénégal. Voilà Fatou Lawbé, dans « tout ses états ».

Interview

Comment êtes-vous en privé, dans le public on dirait une lionne parfois ?
Je suis comme une dame normale dans sa maison. Je fais tout ce qu’il faut pour que ma maison soit bien tenue. Et après, si j’ai une soirée, je vais l’animer. Si j’ai d’autres engagements, je les respecte. Il n’y a rien de ma vie privée qui me bloque dans ma musique. Sauf quand je m’énerve. Quand quelqu’un me met hors de moi, je n’arrive plus à faire ce qui était prévu pour mon spectacle. Je suis comme ça.

 D’ailleurs, on se souvient d’une de vos colères en avril lors de la soirée des jeunes griots
Oui ! C’était un problème de sonorisation. Et la sono ne m’appartient pas, n’est-ce pas ? Je ne sais que chanter. Et il y a une façon de chanter, si la sono est mauvaise et que je force ma voix, ça peut me causer des ennuis. La voix est comme une guitare, si on en joue sans l’accorder ça peut transformer les notes. Quand j’ai compris que la prestation n’allait pas, parce que le micro ne me donnait pas le son que je voulais, j’ai préféré arrêter la prestation.
Etes-vous une femme impulsive?
Non ! Même pas. Je ne suis pas comme ça. C’est simplement que, moi, quand je suis avec une personne et qu’il y a quelque chose qui me dérange, je préfère le dire et le régler. Je ne suis pas rancunière, ceux qui me connaissent savent que je n’aime pas les confrontations. Je suis naturelle dans tout. Je ne suis pas hypocrite et je n’aime pas me venger ou menacer les gens. Je suis musulmane et pratiquante, c’est important pour moi de pardonner. Ma religion est très importante dans ma vie et ce n’est pas ma carrière musicale qui va m’empêcher de bien la suivre. Que ce soit là (chez elle), par apport à mes enfants, mon mari et pour tout ce qu’une femme doit faire, la musique ne m’empêche pas de le faire. Quand mon mari arrive à la maison, je suis toujours là pour l’accueillir et m’occuper de son dîner. Je n’ai pas de problème parce qu’on est presque tout le temps ensemble ; d’autant qu’il est mon manager. Et quand on va se produire quelque part, à notre retour, je lui fais un bon petit plat de son choix, on dîne dans une bonne ambiance avant d’aller au lit.

Vous préparez toujours ce qu’il mange ?
Ah, oui ! Ce que mon mari mange, je le fais moi-même. Je ne laisse pas la bonne prendre soin du ventre de mon El Hadji. Je ne badine pas avec. Même si on termine tard le travail, on passe manger un bout au restaurant. Mais si c’est à la maison, je suis son cordon bleu.

Donc on peut dire que Fatou gère bien son mari ?
Très bien même ! Grâce à Dieu et je prie pour que ça dure et que je puisse continuer à faire ainsi jusqu'à ce que la mort nous sépare. Et je prie aussi pour que Satan soit loin de nous. Et aussi ce qui est à la mode dans le pays.

Qu’est-ce qui est à la mode ?
Les …Pitti ! pata ! que l’on entend rek ! (rires). Je ne veux pas prononcer le mot. Nous quand on l’entend on se bouche les oreilles pour chasser le mauvais sort (rires), que Dieu nous en préserve ! Qu’il en préserve toutes les épouses et que cela s’arrête là.

Mais justement que pensez vous du fait que l’on dise que vous et vos collègues chanteuses, dès que la réussite vous sourit, vous vous séparez de votre premier mari ?
Oui, ça moi, je l’ai entendu même dans ce quartier (Yeumbeul), mais de toute façon la vérité finit toujours par se savoir. Et quand la vérité éclate tout le monde saura le fond du problème. Moi, en tout cas, je ne me marie pas pour de l’argent. Si c’était le cas, après mon divorce, j’aurais cherché un milliardaire. Mais moi, je n’entre pas en ménage pour de l’argent, mais plutôt par amour. Moi, je me suis mariée très tôt, à l’âge de 12 ans, on m’a donné en mariage à un fils de Serigne Bara Mbacké. Ma fille aînée, née de cette union, a 18 ans et j’ai des garçons, j’ai deux garçons et une fille. Comme vous le savez, les enfants grandissent très vite. Donc, une femme doit toujours faire attention à sa réputation, rien que pour ses enfants. Parce que mon ex-mari, vraiment on n’avait aucun problème dans notre ménage, mais comme je vous le disais, Satan s’immisce toujours là où il ne faut pas. Satan « nak » peut être un homme ou une femme, il peut venir de partout. Moi, je suis en de bons termes mon mari. Je m’occupe de lui et de sa famille, et même lui, m’appelle maman, parce qu’il dit que je suis presque sa sœur. Maintenant une femme doit être mariée, c’est ce que le bon Dieu nous recommande. De plus, si tu n’es pas dans les liens du mariage, tu n’es pas encore une femme. Parce que n’importe qui peut se permettre de te provoquer ou te manquer de respect. Chaque mariage a une vie et donc c’est Dieu qui décide de sa fin quand Il le souhaite. Moi, je pouvais aller dans les journaux pour expliquer mon divorce, mais je ne l’ai pas fait. En plus, c’est au même moment que mon premier album est sorti sur le marché, alors qu’il m’a beaucoup aidé pour sa confection. Donc, si j’ai un succès dans ma musique, je me dois de lui donner sa part. Dieu sait que je le fais toujours, et il en est fier. Mais ici on amplifie les choses. Parfois même on invente des choses rien que pour vendre. Il n’y a pas longtemps on a annoncé mon divorce, alors que c’est archi-faux, je suis bien avec mon mari. Ce jour-là, j’ai eu tellement mal que j’en ai même pleuré. C’était juste 3 jours avant le Magal. Quand j’ai appelé le journaliste pour demander comment il a pu écrire une chose pareille, il m’a expliqué qu’il n’était pas au courant. Je lui ai expliqué que moi, Fatou Lawbé si quelqu’un veut savoir quelque chose sur moi, ma porte est ouverte… Il est venu ici on a eu un entretien et il l’a publié. Vraiment j’aurais voulu que les journalistes, quand il parlent que ce soit la vérité. Parce que chaque personne aspire à ce que le fruit de son travail, l’argent qu’il gagne soit honnêtement acquis. De plus nous sommes des compagnons de route, vous avez besoin de nous pour avoir des informations et nous aussi avons besoin de vous pour la promotion de nos produits. Tout doit se faire avec le plus grand respect.

Parfois vous provoquez ces "rumeurs"
(l’ambiance se chauffe). Écoutez-moi et l’on va se comprendre. Une des journalistes de Walfadri Ndèye Awa Lô, on s’est lié d’amitié. Elle est venue me poser une question à laquelle je n’ai pas voulu répondre parce que c’est ma vie privée, après, en aparté, je lui ai expliqué en toute confiance, les raisons de mon divorce. Et elle est allée l’écrire, sous prétexte que j’en ai parlé à la radio.

Mais, vous en avez parlé à la radio tout le monde l’a entendu ?
Non ! j’ai juste participé à une émission où l’on tirait sur les femmes ; et j’ai dit que les hommes aussi n’étaient pas des saints et j’ai développé. Quand l’animatrice m’a interpellée sur mon divorce, je ne lui ai dit que je ne le dirai pas mais qu’il y a de plus en plus de gens au courant. Et Ndeye Awa m’a appelée après pour me demander si elle pouvait écrire ce dont on a parlé en toute intimité. Je lui ai dit que non ; pourtant elle l’a fait….

Bon, Fatou, maintenant arrêtons la dispute, parlons de choses plus gaies. Qu’est-ce que vous allez préparer à dîner pour aujourd’hui ?
( Elle rigole) Ça dépend rek ! Parfois je lui fais un bon rôti ; je lui fais de la salade, des frites, le tout, avec des concombres, tomates fraîches, carottes râpées, tout ce qu’il y a de bon pour une bonne salade. Après, je fais une bonne mayonnaise, du bon jus de fruit. Puis, je mets la table dans l’attente de mon mari. Dès qu’il arrive on dîne tranquillement et tout va bien. (rires)

Vous êtes une coquine, est-ce que c’est pourquoi vous vendez de l’encens et autres pagnes érotiques. Vous en avez même offert à Fatou Gueweul dans l’émission animée par Prince. C’est une culture lawbé, non?
Tous ça c’est la culture lawbé. Les ceintures de perle, les pagnes érotiques, être coquine, l’encens, ça appartient aux lawbés. On ne l’a pas copié, c’est pourquoi, quand il y a eu des différents entre nous…(elle se retient). Fatou Géweul et moi, on ne s’est jamais disputé face à face. Si ça c’était produit, on se serait battu. Mais ce sont les gens, la société, même les fans qui peuvent interpréter les paroles de l’une pour une pique et les rapporter à l’autre.

Mais qu’est-ce qui vous a divisé concrètement ?

Rien !

Vraiment ?
Dieu m’est témoin. C’était juste les fans. Et peut-être le fait que l’on soit de la même génération. Et encore ! Elle est mon aînée, je l’ai trouvée dans la musique. Mais, dal, c’est qu’on n’a jamais pu accorder nos violons. Ça ne vient pas de moi. J’avais l’impression qu’on lui avait dit de faire attention à moi. Je suis restée dans mon coin. Nous sommes réconciliées et je suis sincère.

Maintenant tout va bien, vous êtes-vous revues depuis l’émission ?
Non, mais on s’est parlé. Elle était à Londres et moi en Allemagne.
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