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La démocratie malienne vaut mieux!

par Akodien 15 Mai 2007, 08:17 Nouvelles du jour

27828053.jpgLa Cour constitutionnelle du Mali a confirmé, samedi dernier, la victoire d’ Amadou Toumani Touré (ATT) au premier tour de l’élection présidentielle du 29 avril dernier. Les résultats définitifs proclamés par l’institution créditent le général d’armée de 1.612.912 voix, soit 71,20% des suffrages exprimés. Il est suivi d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) avec 433.897 voix, soit 19,20% des suffrages. Ensuite, viennent Tiébilé Dramé, 68.956 voix, soit 3.04% ; Oumar Mariko, 61.670 voix, soit 2,72% ; Blaise Sangaré, 35.776 voix, soit 1,58% ; Soumeylou Boubèye Maïga, 32.973 voix, soit 1,46% ; Sidibé Aminata Diallo, 12443 voix, soit 0,55% et Madiassa Maguiraga, 6.856 voix soit 0,30%.
Ces résultats, il faut l’avouer, ne font pas honneur aux hommes politiques maliens, aux différents candidats y compris le vainqueur. Ils ne sont pas dignes des bons points que les observateurs de la politique en Afrique donnent à la démocratie malienne. Même s’il est le plus heureux du scrutin, ATT ne devrait honnêtement pas être fier d’avoir battu ses adversaires avec un score qui n’est pas loin de ceux des époques des partis-Etats. Plus que le président élu, les autres candidats devraient avoir honte de leur score. A eux tous, ils n’ont pu réunir 30% des suffrages. IBK ne vaut même pas 20% de l’électorat malien. Et pourtant, à Bamako, dans la rue ou dans les cafés, des commentaires positifs ne manquaient pas à son égard. On ne peut pas avoir été à la pointe du combat démocratique et se voir récompensé de la sorte. Après IBK, les autres 6 candidats font office de figurants avec moins de 4% des voix chacun, deux s’étant vu créditer de taux en dessous de 1%.

Démocratie de la minorité

Le taux de participation ne fait pas non plus honneur. Il ne fait pas honneur aux politiques, mais surtout pas au peuple malien et, par conséquent, il dessert la démocratie malienne. Le Mali, c’est entre 12 millions et 13 millions de citoyens mais seulement 6.860.000 étaient inscrits sur les listes électorales. Pire, seulement 35% des inscrits sont allés voter. On est tenté de dire que la démocratie malienne est une démocratie de la minorité. “On ne peut pas le dire. Plus de 50% de la population malienne ont moins de 18%. Ils n’ont donc pas l’âge de voter. Les inscrits sont la majorité de ceux qui ont l’âge de voter. On ne peut donc pas dire que la démocratie malienne est une démocratie de la minorité”, a fait remarquer un confrère de l’Office de la Radiodiffusion télévision malienne (ORTM). Selon lui, le faible taux de participation s’explique par deux raisons fondamentales. La première, c’est que, pour les Maliens, les jeux étaient faits d’avance. Ils savaient que ATT allait gagner dans tous les cas. Lors de son premier mandat, il n’y a pas eu en face une opposition pour défendre la cause des populations. La gestion consensuelle du pouvoir à laquelle il a convié les opposants y est pour beaucoup. Il a fallu attendre l’approche de l’élection présidentielle pour voir des gens faire des critiques. Même IBK, qui était présenté comme le principal challenger, a participé à cette gestion consensuelle. Il était le président de l’Assemblée nationale. Toutes les lois passaient comme lettre à la poste.
La deuxième raison est que les Maliens sont désabusés. Une fois qu’ils votent, les élus ne font pas ce qu’ils avaient promis. Et le fossé se creuse davantage entre les riches et les pauvres. Les riches s’enrichissent plus. Les pauvres deviennent plus pauvres. Alors, ils se disent que, quel que soit le président qui va être élu, leur quotidien ne va pas changer.
D’autres personnes avancent le fait que la plupart des Maliens sont des commerçants. Ce qui les intéresse, c’est comment vendre leurs articles. Mettre des heures pour prendre sa carte d’électeur, puis en mettre dans une queue devant un bureau de vote constituent pour eux de pertes de temps et d’argent.

“L’arrêt de la Cour s’impose à tous”

Tous ces arguments peuvent tenir mais les hommes politiques sont les premiers responsables de la situation. Ils ne font pas leur travail d’éveilleurs des consciences. Et il nous a été donné de le constater à la veille de la présidentielle. A trois, deux et un jours du scrutin, Bamako ne présentait pas un visage de campagne électorale. Celle-ci était timide.
Malgré tout, la démocratie malienne a été sauvée. Le scrutin s’est déroulé dans le calme. Les observateurs internationaux ont parlé de vote calme et serein, malgré quelques insuffisances qui ne sont pas de nature à remettre la sincérité du scrutin. Les adversaires d’ATT réunis au sein du Front pour la République et la Démocratie (FRD) ont crié à une fraude massive. Ils ont parlé de circulation de bulletins de vote avant le jour du scrutin, de partialité de l’administration et de l’armée, de non-sécurisation des cartes d’électeur, de manipulation du fichier électoral, de tripatouillage des résultats. Mais ils ont utilisé la voix légale. Ils ont saisi la Cour constitutionnelle pour demander l’annulation du scrutin. La juridiction ne les a pas suivi, mais ils ont accepté son verdict. Ils ont reconnu que “l’arrêt de la Cour s’impose à tous, au terme de la Constitution”. Ils ont dit que la Constitution est et restera le cadre de la réaction du FRD. Ils ont donc pris acte de l’arrêt tout en invitant “tous les démocrates et patriotes épris de justice et de paix à poursuivre la lutte par des moyens démocratiques et pacifique’’.
La réaction réservée à l’arrêt de la Cour est à saluer. Il reste maintenant à œuvrer à la consolidation de la démocratie en faisant un travail d’éducation des masses à la chose politique. Les partis politiques du Mali doivent faire leur travail : être une opposition crédible, véritable contre- pouvoir critiquant et proposant quelque chose qui peut faire rêver ; former les militants, les sensibiliser afin de les amener à se mobiliser le temps des élections. En juillet prochain, auront lieu les législatives. Les tractations ont commencé. Les alliances se font et se défont déjà. Mais la vraie alliance c’est avec le peuple. Il faut le placer au centre du jeu politique pour que vive réellement la démocratie malienne.

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