Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chronique d'une victoire pour l'Histoire

par Akodien 7 Novembre 2008, 00:45 Analyses & opinions

Etats-Unis, le 03 novembre 2008. De New York, David Pujadas présente le Journal Télévisé de 20 heures. Le sujet dominant du jour : l'élection présidentielle américaine. Les têtes d'affiches sont Barack Obama, un noir et John Mc Cain, un vétéran. Le premier milite pour le multilatéralisme, le second prône l'unilatéralisme. Dans la course à la maison blanche, les deux s'affrontent dans un contexte économique assez particulier : la plus importante crise économique dans l'histoire, après celle des années 30. Dans un reportage, une question est posée à un militant de Mc Cain : les sondages ? Sous le couvert d'une hilarité ironique, le républicain répond sans sourciller : les sondages, c'est des sornettes. Je n'y crois pas. Attendons de voir ce qui va se passer demain, désannonce Pujadas avant de revenir sur le Bradley factor, par crainte du vote racial que ne craint point le candidat démocrate, Barack Obama dont le père est un Kenyan. Bradley ou le syndrome de Californie : en 1996, il a été le grandissime favori pour le poste de gouverneur mais il a été battu parce que, tout simplement, homme de couleur. Les sondages, la question raciale et puis l'idéel…
L'Amérique fait la queue pour élire son quarante-troisième président : un noir ou un vétéran ? Personne n'a la réponse. Ni Marcus Mabry, Rédacteur en Chef du New York Times et un des journalistes les plus influents d'Amérique ni Bernard Henri Lévy qui qualifie Obama de Clinton Black et qui reconnaît son erreur. Car, Obama n'a rien du mari de Hillary, la première victime du candidat démocrate, dans les primaires. Personne n'en a la réponse alors que d'autres questions insidieuses se posent : l'Amérique est-elle entrain d'en finir avec les clivages raciaux ? Est-ce que l'Amérique a changé ou l'Amérique subit-elle l'Obamania, l'image de cet homme de couleur qui séduit et promet le changement par le verbe et la verve ? Malgré tout, les sondages continuent de donner vainqueur à Obama, avec un retard d'onze points pour Mc Cain : l'unilatéralisme. Le candidat républicain ne s'en cache pas. Il est pour la guerre en Irak et compte maintenir les yankees dans ce pays du Golfe. Par contre, le candidat démocrate milite en faveur du multilatéralisme. Son vœu est de ramener les troupes américaines d'ici 16 mois et se concentrer sur l'économie puis assurer la couverture de santé des américains. Il tient aussi à réduire la consommation d'énergie, mettre l'accent sur les énergies renouvelables et, améliorer la qualité de l'environnement. Dans ses airs de grand duc du changement démocratique, il véhicule souveraineté et force de caractère… Il se dit l'antinomie de Bush qui, tout au long de son magistère, n'a cessé de donner au peuple américain un sentiment d'une double phalange : honte et malédiction. Pendant ce temps, la crise mondiale ne s'arrête pas. Comme un Mistral, elle souffle sur l'Amérique, l'Europe et l'Asie. Alors, France 2, dans son Complément d'enquête, essaie d'en analyser le bilan :
Et maintenant la facture monde…
- Crise énergétique: le prix du baril du pétrole qui, en 2008, a flambé et atteint un niveau de près de 200 dollars.
- Crise alimentaire: inflation et pénurie dans le monde entier.
- Crise immobilière: plusieurs entreprises mettent la clef sous le paillasson et jettent dans la rue des milliers de travailleurs.
- Crise financière: en Amérique, en Europe et en Asie, les Etats procèdent à la nationalisation des établissements bancaires en crise.
- Crise idéologique: repenser le capitalisme.

Tout le monde s'interroge : jusqu'où ira la crise économique ? En fait, la question est un propos. Le seul qui s'entend et qui se cristallise. Un peu plus de cinquante ans après la création du funeste système des Nations-unies, la paix demeure subséquemment perchée sur une tour qui chancelle, vilement et bruyamment, avec la complicité et la cruauté des manufactures financières dont le seul souci est de continuer à exploiter à fond les Etats-ouvriers au nom d'accords, de protocoles, de traités, de chartes, de conventions et de partenariats biaisés. Les Etats-patrons maquillent la réalité en faisant semblant de compatir : partager la douleur avec les Etats-ouvriers, disent-ils avec une énorme raillerie. Regrettable ! L'Onu (ce petit machin) n'a pas su transmuter le cours de l'histoire des crises. Elle est à l'image de la Société des nations, créée pour garantir la paix dans le monde au lendemain de la grande guerre (14-18) et défaite au sortir de la seconde guerre mondiale (39-45). Parce que, étant incapable de s'imposer devant l'ogre subversif ! Comme la Société des nations, l'Onu est, pour ainsi dire, dans une impasse inédite, se montrant limitée, fragile et incompétente. Elle est dans l'incapacité de réguler et de mener à bien la diplomatie du juste milieu. Cette même incapacité habite aussi certains organismes à dimension internationale tels que le Fonds monétaire international, l'Union européenne, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, les fabriques d'armements, la Banque mondiale ou encore l'Organisation Mondiale du commerce. Aujourd'hui, ce sont toutes ces institutions, soi-disant internationales, qui restent les bourreaux du monde de la consommation. Si modernes soient-elles, ces institutions n'en demeurent pas moins acculturées, parce que perfides, grossières, voire cannibales, et ne laissent personne indifférent, tels des vampires affamés et des moustiques sauvages. Car, n'en doutons point : ce sont elles qui ont provoqué la crise alimentaire de 2008, après avoir été à l'origine des secousses pétrolières de 1973 et de 1979. Ce sont elles qui, après avoir imposé l'agriculture de rente et la subvention de leur agriculture, affolent le marché. Et ce n'est pas demain la veille que ces institutions et leurs complices vont mettre fin à cette situation de précarité. Le deal du siècle, sans doute ! Déjà, se profile à l'horizon une autre guerre chaude : la crise de la soif. La terre ne cesse de subir les affres du réchauffement climatique et l'eau potable est, de plus en plus, source de guerre chaude : chaque jour, à défaut d'avoir accès au liquide précieux, trente mille personnes meurent de soif sur la planète. Certes, la crise de la soif n'est pas une nouveauté. Mais, pour l'instant, elle est des plus persistantes et ne semble guère préoccuper les dirigeants du monde. Seuls quelques humanistes en parlent et reparlent. Ni les Etats-patrons ni les institutions internationales n'en ont fait un sujet de prédilection. Aucun d'eux ne tente de couper le mal à la racine. Tout au plus, ils préfèrent attendre que la crise s'accentue pour essayer d'en tirer le maximum de profits possibles. Le débat s'annonce ainsi ! Principaux tourmenteurs des pays à faible économie, en raison de leurs drastiques politiques de développement (ma foi, inappropriées) destinées (semble-t-il) au redressement des Etats-ouvriers et caractérisées par les diktats que l'on appelle pour ainsi dire ajustements structurels, ils tiennent une conduite aussi pire que le mode de vie des génocidaires. Sans doute, ont-ils appliqué la tactique du billard après la mort : une criminalité à haute échelle mondiale ou une mafia organisée? En tout cas, il y en a plusieurs de ces organismes qui n'ont pas bonne presse. En ligne de mire : la Banque mondiale. Ce n'est qu'après avoir regardé des humains mourir de faim, flottant sur les cours d'une Birmanie au bord des nerfs, persécutée par la famine et les intempéries, et d'un Haïti, à feu et à sang, lassés d'attendre l'aide humanitaire, que cette reine des banques, (semble-t-il encore) réagit à coup de millions de dollars. Elle lance, en réponse à la pénible crise alimentaire, un mécanisme de financement rapide portant sur un montant de mille deux cent millions de dollars pour faire face aux besoins immédiats. Mais sur ce montant, seule la somme de deux cent millions de dollars est mobilisée et ce, sous forme de dons en faveur des populations vulnérables des pays les plus pauvres du monde. Deux cent millions de dollars accordés, non pas pour le compte de la solidarité mais pour le compte de la dernière des politiques d'ajustements structurels. Deux cent millions de dollars accordés : une somme destinée à guérir de la maladie vivrière, alors que le quart-monde a fini de crever de faim. Deux cent millions de dollars accordés, alors que la crise alimentaire nécessite quinze à vingt milliards de dollars par an, à en croire l'Onu. Drôle d'assistance ? Une question simple, c'est tout. Que sais-je encore ! Bref, l'esprit en meurt de pleurs chauds et de sueurs froides. Au lieu de garantir la sécurité, les institutions internationales sèment plutôt le désordre en marchandant la vie.


La suite demain...
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page