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Wakansi Jotna...

par Akodien 29 Juillet 2008, 00:58 Article de la semaine

Vacances yi djotna,

Gnouy wacansi dém nagnou,

Gny wacansi ci gnow na gnou,

…..

Nous murmurons entre deux remarques de notre hiérarchie ce refrain intemporel de notre ami Mame Balla.

C’est l’été. C’est bientôt les vacances ou plutôt c’est déjà les vacances pour un bon nombre d’entre nous.

Chacun a déjà choisi sa destination. Pour certains c’est direction le bled, y’a pas mieux… La famille, les amis, l’ambiance, etc. Mais trop souvent, le retour au pays pendant les vacances, c’est surtout l’occasion d’aller «flamber», ou « semer » au pays. Au V.I.P à Nouakchott, au Casino du Cap-vert ou sur la Corniche dakaroise au coucher du soleil, ou encore sur la rue Princesse à Abidjan ou à l’Etoile Rouge à Cotonou, certains Diasporiens s’inventent une vie tout droit tirée d’un clip vidéo des ambianceurs de la « Jet Set»…

C’est «Farotage», du «diaye dozé ou titeurou » à gogo et tout est bon pour en mettre plein la vue aux blédards (qui ne sont plus aussi dupes qu’on le pense d’ailleurs). Pour cette catégories de «Diasporiens bluffeurs», peu importe si en Europe on se sert la ceinture toute l’année, qu’on dort dans une chambre de bonne, qu’on est au pain sec et à l’eau, quand on retourne au bled il faut sortir le grand jeu. Alors on prépare ses bagages en conséquence : vêtements de grandes marques et tout l’attirail bling bling, obtenus grâce aux «gor matt» (couper du bois) ou aux « cop », (business pas très honnête en lingala) ou empruntés… peu importe, d’ailleurs comme on dit : « Au royaume des aveugles le borgne est Roi ».

Tout ce bluff ne laisse pas indifférent certains « Blédards rêveurs » qui, coûte que coûte, veulent quitter l’Afrique pour rejoindre le paradis… Oui, oui, le « Paradis ». Car pour beaucoup d’entre eux c’est comme cela que Lyon, Brescia, Paris, Londres ou Bruxelles sont perçus. A titre d’exemple, le refrain le plus usité au pays de la téranga est : « Barça ou Barsakh» que l’on peut traduire par « Aller à Barcelone ou la mort ». Cela donne froid dans le dos.

Ces blédards veulent donc entrer au paradis, parfois au risque de leur vie (pas besoin ici d’entrer dans les détails puisque les télévisions européennes ont montré les images) et très souvent avec un espoir mal fondé. L’espoir de pouvoir fuir une misère toute relative et celui d’enfin vivre la vraie vie…

 

Ainsi combien de nos compatriotes qui avaient un statut social, un travail, certes pas payé des millions mais adapté au niveau de vie du pays se sont retrouvés chômeurs ou vigiles en Europe. Il ne s’agit pas de faire de l’angélisme mais convenons qu’il est certainement plus facile d’entreprendre au pays quand on a un peu d’ambition, que de le faire en Europe, contrairement à ce que de nombreux Diasporiens font croire.

 

Loin de tous les clichés dont nous abreuvent les médias occidents d’Africains débarquant à moitié morts sur les côtes espagnoles ou italiennes, il ne fait plus aucun doute que beaucoup de ces blédards que les diasporiens aiment regarder de haut s’en sortent en réalité beaucoup mieux au pays qu’eux ici. A diplôme équivalent voir moins important, ils occupent des postes dans de grandes compagnies sur place (surtout avec le boom des télécoms et du secteur bancaire) dont les diasporiens n’oseraient même pas rêver en Europe.

 

Et d’ailleurs de nombreux diasporiens en multipliant les séjours au pays ont appris à se montrer plus modestes, en comprenant qu’ils n’impressionnaient plus leur monde comme avant.

Il semble donc que le jeu de dupes se soit un peu éventé et que ce soient désormais le diapsorien qui voit le paradis en Afrique et que le blédards ne soit plus près à quitter sa terre natale pour les incertitudes et les discriminations d’une vie à l’étranger. Bon, d’accord, nous parlons ici d’une catégorie de blédards à l’abri du besoin, qui a compris que si Asiatiques, Indiens et Européens se bousculaient pour venir s’installer en Afrique c’est que c’est bien Afrique que se trouve la richesse.

 

C’est donc auprès de catégories sociales moins élevées que leurs diasporiens bluffeurs continuent à faire des ravages. Avec les fringues de marques et leur train de vie royale, bien que temporaire, ils n’ont de cesse de renvoyer le frère trouvé sur place à une misère, là encore toute relative. Vivre à l’aise au pays avec 500 € de salaire en montant ça petite affaire est-il plus misérable que de survivre avec 1000 € en bossant au Kfc, ou au Mac Do en France?

 

De nombreux diasporiens qui galèrent en Europe se servent de leurs frères du pays pour se sentir importants, pour se créer une image, une vie utopique faite que de bluff. Pourquoi cette attitude, qui fausse la donne et encourage l’exode d’une jeunesse Africaine qui perd toute capacité à voir la richesse qui est sous ses pied ?

 

Nous Diasporiens devons-nous faire le grand saut ? « … euhh euhh, en fait euhh… Rentrer au pays ? oui mais bon euuhh… » C’est la réaction de beaucoup d’entre nous ayant vécu presque toute leur vie en Occident.

Bin quoi, bien sûr que je me sens concerné. En effet c’est facile de dire à nos cousins au pays de rester là-bas alors que nous sommes ici, dans un confort qu’il serait indélicat de nier.

 

En outre, au vu du témoignage de certains, le retour au pays n’est pas toujours une «tasse de Bissap» et le décalage culturel dû a un vécu différent se fait ressentir. N’est-ce-pas !

Toutefois, si de parfaits étrangers, venus des campagnes de la Chine profonde parviennent à s’adapter et à vivre dans nos pays d’origine, pourquoi nous n’y arriverions pas ? Je salue pour cela mon ami Doug, camerounais d’origine, qui pour l’amour du cœur et du pays a quitté son poste d’ingénieur dans une grande firme informatique pour s’installer au Sénégal.

 

Un nouveau regard, une nouvelle démarche. Dans les tous les cas notre regard sur l’Afrique doit changer. En parlant de changer de regard sur l’Afrique, je ne parle pas d’un regard passéiste vers une Afrique « berceau de l’humanité » et bla bla bla, mais un regard contemporain, réaliste, cohérent et surtout motivé par des réalisations de business que d’autres ont déjà entamé à notre place.

 
C’est vrai, je vous le concède, il est facile de blablater (voir de donner des leçons) derrière son ordinateur portable et pleurer dès que le Wifi ne fonctionne plus. Mais c’est justement par devoir et par respect que nous avons la responsabilité de transmettre un portrait réaliste de la situation que nous vivons en Occident afin de ne pas alimenter des rêves qui finissent souvent en cauchemars pour certains…

 

Wacansi djotna,

Khalèyi sol deux pièces,

Humh, sans regrets…

 

Bonnes vacances

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