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La Floride s'excuse pour l'esclavage

par Akodien 2 Avril 2008, 14:04 Lu pour vous

Le 26 mars, cet Etat est devenu le sixième en quelques mois à exprimer des
regrets officiels pour son passé esclavagiste.

En 1994, l'Etat a versé 2,1 millions de dollars aux survivants du massacre de Rosewood, perpétré en 1923 dans le nord de la Floride. Le Parlement de Floride s'est officiellement excusé, mercredi 26 mars, pour son passé "honteux" d'ancien Etat esclavagiste. La Floride rejoint ainsi cinq autres Etats ayant déjà publiquement présenté leurs excuses pour ce que le candidat démocrate, Barack Obama, a récemment qualifié [dans le discours qu'il a prononcé le 18 mars à Philadelphie] de "péché originel" de l'Amérique.

La résolution, longue de deux pages, a été adoptée à une large majorité par le Sénat, puis par la Chambre des représentants de Floride. Le gouverneur républicain de l'Etat, Charlie Crist, a qualifié ce vote de "non décisif" sur la voie de la réconciliation. "La seule chose qui permette au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien", a-t-il déclaré, citant le philosophe Edmund Burke.

Plusieurs parlementaires noirs, notamment le sénateur démocrate de Jacksonville Anthony Hills, exigeaient des excuses publiques depuis l'année dernière. La résolution adoptée par la Floride ressemble à celles prises en Caroline du Nord, en Alabama, en Virginie, au Maryland et dans le New Jersey, dernier Etat à s'être excusé pour son passé esclavagiste, en janvier
dernier.

Le Parlement de Floride a exprimé ses "profonds regrets" pour le rôle qu'a joué l'Etat dans "l'oppression et l'asservissement de générations entières d'esclaves africains". Le terme d'excuses n'apparaît pas dans la résolution, mais l'intention ne fait aucun doute, souligne Hills. "Au final, nous avons prononcé ces trois mots : 'Je suis désolé.' Je pense maintenant que nous pouvons entamer le processus de réconciliation."

La Floride a une histoire esclavagiste singulière. Cette histoire a débuté en 1565, date de la fondation de la colonie de Saint-Augustine, et les esclaves ont été mis à contribution dans toute une série d'activités, comme l'élevage de bétail dans le centre de la Floride et la récolte de canne à sucre autour de Tampa. Le premier code noir a été adopté par le Conseil législatif territorial de l'Etat en 1822. Il reprenait les dispositions prises dans d'autres Etats du Sud, notamment le châtiment infligé aux esclaves coupables de vol, consistant à les clouer par les oreilles à des poteaux.

Ce passé a resurgi devant le Parlement de Floride et est mentionné dans la résolution. L'évocation de cette période a même tiré des larmes à la sénatrice démocrate noire Arthenia Joyner. Une réaction parfaitement compréhensible, a jugé le gouverneur.

La Floride avait déjà fait plusieurs gestes pour lutter contre les conséquences du racisme institutionnel. En 1994, l'Etat avait versé 2,1 millions de dollars aux survivants du massacre de Rosewood, perpétré en 1923, dans le nord de la Floride. Le 26 mars, le gouverneur Crist s'est dit favorable à l'octroi de réparations plus importantes. Il a toutefois précisé que ce ne serait pas pour cette année, compte tenu du déficit de 3 milliards de dollars [1,8 milliard d'euros] dans le budget de la Floride.

Certains leaders de la communauté noire espèrent que cette nouvelle résolution poussera le Congrès fédéral ne serait-ce qu'à reprendre les regrets exprimés par les présidents Bush et Clinton dans leurs discours. Selon eux, le geste de la Floride devrait au moins permettre de poursuivre le débat sur la question raciale, ouvert en partie par la candidature de Barack Obama.

"C'est le bon moment pour envisager autrement la question raciale", analyse Carol Swain, professeure de droit et de sciences politiques à l'université Vanderbilt, qui milite pour des excuses officielles nationales. "C'est une discussion qu'il faut avoir, et cela dépasse largement ce dont Barack Obama a parlé dans son discours."


Damien Cave
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