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Guerres en RDC et au Tchad: Les « mercenaires africains » en action

par Akodien 7 Février 2008, 19:17 Lu pour vous

undefinedA la lecture de ce titre, d’aucuns feraient tout de suite allusion au titre d’un prochain western à sortir dans les kiosques. Loin de là. « Les mercenaires d’Afrique » sont une question d’actualité brûlante qui n’est nullement du domaine de la science-fiction. Elle s’affirme chaque jour et risque de porter un coup dur aux démocraties naissantes du continent. Il y a péril en la demeure.
 
 

Dans son entreprise militaire pour renverser le régime de Mobutu, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) ne comptait pas seulement dans ses rangs des éléments armés congolais. Outre les soldats rwandais manifestement visibles et qui ont encadré les éléments de l’AFDL, l’alliance a bénéficié d’un soutien incontestable des éléments d’autres nationalités. Notamment les Erythréens, les Ethiopiens, les Somaliens. Ils étaient tout aussi visibles à Kinshasa, après l’entrée triomphale des troupes de l’AFDL avant de se retirer discrètement, la mission ayant été accomplie.

 

Des aveux ont levé le pan du voile. Il y a deux semaines, lors du procès de Charles Taylor devant la Commission Vérité et Réconciliation, un jeune Libérien, qui faisait partie de l’élite mise en place par l’ancien chef de l’Etat du Liberia, a fait des révélations troublantes. Il a affirmé qu’après les tueries commises en Sierra Leone et au Liberia, ils avaient été recrutés et envoyés en République démocratique du Congo pour combattre. C’est pour dire qu’outre les Ethiopiens, les Somaliens et les Erythréens, les Libériens ont également pris part à la guerre de libération du Congo menée contre le pouvoir chancelant du maréchal Mobutu. Un véritable cocktail de « forces négatives ».

 
Ce cocktail était tellement détonnant que du côté de l’armée de Mobutu, on constatait également la présence des mercenaires venus de l’ex-Europe de l’Est : Yougoslaves, Serbes, Polonais, Russes, Ukrainiens… Une première sur le continent africain. Ce qui a fait dire à certains analystes qu’il s’agissait réellement de la «première Guerre mondiale africaine».
La plupart de ces va-t-en guerres ne faisaient pas partie des armées régulières. Ils appartenaient à des groupes armés et milices. Ils étaient recrutés par certains seigneurs de guerre, voire des Etats avec comme objectif : aider des «révolutionnaires, des opposants et chefs des mouvements de rébellion», au nom de la «démocratie», à prendre le pouvoir par la force.
 
 

Le président ivoirien Laurent Gbagbo semble avoir été le premier à prendre la mesure de ce phénomène nouveau qui s’ancrait sur le continent. C’est ce qui transparaît dans sa déclaration faite à la Radio guinéenne au sortir du sommet d’Addis-Abeba : «Je pense que l’Union africaine doit aller au-delà. L’Union africaine doit empêcher ce genre de putsch d’arriver. Il n’ y a pas encore de mécanisme pour empêcher ce genre de situation d’arriver. Je crois que c’est là-dessus que l’Union africaine doit travailler».

 
 
Le phénomène s‘amplifie
Si pendant les guerres d’agression-rébellion contre la RDC ce « mouvement de recrutement des mercenaires d’Afrique » est passé presque inaperçu, il a continué cependant à prendre de l’ampleur. Déjà en son temps Ange Patassé au pouvoir n’avait cessé d’accuser le Tchad d’abriter et d’entretenir des mouvements armés centrafricains. Renversé par le général Bozizé, Patassé est demeuré convaincu que son tombeur avait bénéficié de l’aide militaire des éléments venus du Tchad. Ce qui l’avait certainement poussé à se tourner vers le groupe armé du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Un mouvement qui était alors en rébellion contre le pouvoir de Kinshasa.
 

La bataille de N’Djamena, la semaine dernière, a mis à nu l’existence justement des « mercenaires d’Afrique ». N’Djamena accuse « les mercenaires venus du Soudan » d’avoir tenté de renverser le régime d’Idriss Déby. Quelques années auparavant, le même Idriss Déby accusait aussi la Libye d’armer les « rebelles tchadiens » contre son régime.

 

Par ailleurs, les récentes mises en garde contre le Soudan tant par le Secrétaire général de l’Onu que par la France confirment justement l’existence de ces « mercenaires d’Afrique ».

 

De son côté, l’ex-président tchadien Goukouni Weddeyi, en exil en Algérie, en rajoute sur ce point précisément dans sa condamnation de la bataille de N’Djamena : « Idriss Déby n’est pas innocent. Il recourt aux rebelles soudanais pour stopper l’avance des rebelles tchadiens », a-t-il déclaré à la presse. TIRER LA SONNETTE D’ALARME

 

Le phénomène est en train de s’amplifier. Et qui plus est, ce sont des gouvernements, légalement investis dans la plupart des cas, mais également des multinationales, qui entretiennent ce « phénomène », lequel replonge lentement mais sûrement l’Afrique dans l’abîme. Les mains invisibles n’opèrent plus à la périphérie de l’Afrique mais bien à l’intérieur du continent. Elles manipulent les «dirigeants élus», les aveuglent par des discours et des propositions de business où ils sont, en fin de compte, des dindons de la farce. Pendant ce temps, le pays est détruit, son développement retardé. Et par-dessus le marché, c’est l’élan de l’Afrique qui est estompé.

 

La circulation des armes est spectaculaire en RDC. Celles-ci circulent à grande échelle pour atterrir dans les mains des FDLR (Rwanda), LRA (Ouganda), FNL (Burundi), Maï-Maï , CNDP de Laurent Nkunda, etc. A la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu, les participants aussi bien nationaux qu’étrangers se sont fait une idée exacte de l’impact ou du désastre de tous ces groupes armés sur les plans politique, économique et social.

 

Le Tchad, à la suite de la RDC, doit se faire une bonne religion. Un peu plus tôt, c’était la Somalie. Elle se trouve dans une situation de non Etat et d’absence de Nation à cause de tous « ces mercenaires » qui écument sur son territoire. En fait, l’ancien président de la Commission africaine, Alpha Oumar Konaré, a bien confirmé le fait : « les Papes ne sont pas descendus en Afrique, disons au Tchad, pour amener toutes ces armes ».

 

La situation est tellement grave qu’il est impérieux de tirer la sonnette d’alarme. Le phénomène tend à s’enraciner et ronger tout le continent noir. Les mercenaires d’Afrique sont sans foi ni loi. Ils tuent, pillent, détruisent. Donc, danger à l’horizon. Le mercenariat qui s’affirme chaque jour en Afrique est à l’image de la maladie de la peste. Ils ne mouront pas tous, certes, mais « tous seront atteints ».

 
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