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L'Afrique ne veut plus de "Big Brother"

par Akodien 5 Septembre 2007, 22:57 Lu pour vous

bigbrother.gif La chose est presque entendue. En septembre, le Soudan, le Burundi, la RD-Congo, le Libéria et la Somalie obtiendront le vote nécessaire pour supprimer le mandat des rapporteurs qui scrutent chez eux la situation des droits de l'homme.
Cinq pays africains - le Soudan, le Burundi, le Libéria, la Somalie et la République Démocratique du Congo - ne veulent plus des rapporteurs spéciaux de l’ONU, chargés de surveiller chez eux la situation des droits de l’homme. Ils entendent se débarrasser des ces observateurs dès la prochaine session du Conseil des droits de l’homme qui débute le 10 septembre à Genève. Cuba et la Biélorussie ont atteint le même objectif en juin dernier. Cependant, au terme de la session de juin, le principe même de l'existence de ces experts, forts de leur indépendance, de leur bénévolat et de leur intégrité reconnue, avait été sauvé de justesse. Un code de conduite restrictif, guidé par des Etats liberticides, avait failli leur être imposé, ce qui aurait vidé leur travail de sa substance, limitant notamment leur possibilité de sonner l'alarme et de demander des comptes aux Etats dans les situations d'urgence.
Cette volonté africaine est apparue vendredi dernier, lors d’une réunion de préparation informelle du Conseil. Elle coïncide avec la révision des 53 mandats de rapporteurs sur les droits de l’homme. C’est l’Égypte qui a parlé, au nom du groupe africain, lequel compte 13 pays, sur les 47 du Conseil. L’intervention s’est produite lors de la discussion du calendrier des futurs travaux menée par le président du Conseil, le Roumain Doru Romulus Costae. Celui-ci succède au Mexicain Luis Alfonso de Alba, et sa position est délicate. Il a été nommé en tant que représentant des pays de l’Est européen, mais son pays, la Roumanie, fait partie de l’Union européenne, majoritaire dans le groupe occidental, et assez peu en phase avec les positions du groupe africain.
Doru Costae a déçu les Africains. Ils lui reprochent d’être revenu sur la promesse de traiter le cas des cinq rapporteurs en question dans la prochaine session de septembre, en proposant de reporter ce point à mars 2008. Selon les Africains, l’ambassadeur de Roumanie aurait cédé à la pression de l’UE, qui ne veut pas voir disparaître ces mandats. Plusieurs diplomates européens relèvent en effet que ces cinq pays sont en guerre civile, ou en sortent à peine, ce qui rend encore nécessaire le suivi indépendant de leur politique des droits de l’homme. L’Egypte a été soutenue par l’Algérie, laquelle a indiqué avoir adressé une demande écrite dans ce sens, restée sans réponse. Doru Costae a reconnu qu’il avait 35 courriers des différentes délégations qui attendaient une réponse, mais il n’a pas voulu entrer en matière.
Dans les coulisses du Palais des Nations, quelques diplomates africains se disent fâchés. Ils promettent d’aller jusqu'au bout. Si le président Costae ne change pas sa proposition d’agenda, ne respectant donc pas sa promesse selon eux, ils vont demander le vote dès le début de la réunion du 10 septembre, lors du traitement de l’ordre du jour, pour introduire la révision des mandats des rapporteurs africains.
Mais quels sont les arguments des cinq pays pour pouvoir se passer de ce contrôle indépendant ? Pour Cuba et la Biélorussie, qui ont obtenu en juin dernier la fin des mandats, la raison était qu’ils ne voulaient pas des rapporteurs dès le départ. Ceux-ci avaient été élus par le vote et non par consensus. Par contre, les cinq pays africains avaient exprimé leur accord initial.
Les Africains anticipent l’arrivée d’un nouveau mécanisme. En effet, dès février 2008, tous les pays membres de l’ONU devront passer un examen chaque quatre ans, dit Examen Périodique Universel (EPU). Les pays africains considèrent donc que les rapporteurs spéciaux ne sont plus nécessaires. L’Afrique se sent confiante pour emporter le scrutin, grâce à l’appui de la majorité des pays asiatiques et islamiques, en plus de Cuba et de la Russie.
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