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Touche pas à mon kancourang

par Akodien 4 Septembre 2007, 12:40 Héritages d'Afrik

Akodians-295.jpgLe Kancourang est un personnage mythique et masqué, à qui la tradition confère la fonction de veille sur les valeurs en pays mandingue, espace culturel sous régional couvrant les territoires de la Guinée-Bissau, la Gambie et du sud du Sénégal.
Ainsi, le Masque est classé par l’Unesco, depuis 2004, Patrimoine culturel mondial.

Le proviseur du Lycée Djingabo de Ziguinchor, Nouha Cissé, en parle en connaisseur : « le Kancourang joue un rôle de protecteur des jeunes circoncis, durant toute la durée de l’initiation, contre toute forme d’intrusion mystique, dont l’anthropophagie, la sorcellerie et autres pratiques néfastes dirigées contre le groupe », a-t-il expliqué

Durant la période concernée à l’ « initiation à la vie » les jeunes regroupés dans un camp de retrait, où ils reçoivent une formation qui leur permettra de jouer pleinement leur futur rôle dans la société.

Ce personnage mythique drapé dans habit de feuilles et autres éléments hétéroclites dont la composition est tenue secrète, joue aussi un rôle de garant de la stabilité sociale.

En cas de conflits majeur entre membres de la communauté c’est « le Kancourang » qui doit s’interposer entre les belligérants pour éviter que la situation dégénère.
Le Masque joue aussi, dans certains cas, le rôle de protecteur de l’environnement, en veillant notamment au strict respect, par tous, du repos biologique afin de permettre le renouvellement des espèces florales et fauniques, menacées de disparition. Ainsi il fait appliquer la « norme sociale » de non cueillette des fruits non arrivés à maturation, ou la pêche de poissons non adultes.
Le Kancourang est toutefois en train de perdre ce rôle de gardien des valeurs culturelles du fait notamment de la banalisation et de la déviation de sa mission initiale.

De nombreux cas de dérives impliquant le Kancourang ont en effet été notées au cours de ces dernières années en Casamance (sud Sénégal) et en Guinée-Bissau, sous la forme de vols nocturnes et d’agressions physiques, dont des passages à tabac de personnes appartenant à d’autres ethnies.
Nouha Cissé a une explication : « il faut déplorer la non compréhension du phénomène Kancourang par les autres composantes ethniques qui ont tendance à le banaliser ou à le défier. Ce qui est souvent à l’origine des conflits entre Mandings et autres communautés, notamment dans les centres urbains et les gros villages ».
Le proviseur du Lycée Djingabo de Ziguinchor n’en dénonce pas moins, l’intrusion de gens sans scrupules, qui dévient la fonction sociale et culturelle du Kancourang, pour des raisons purement personnelles.
Actuellement, le Kancourang apparaît surtout pendant les vacances scolaires (de juillet à septembre), période généralement choisie pour l’organisation des cérémonies d’initiation en pays Manding.
De nombreuses ethnies habitant l’espace sénégambio-bissau-guinéen et fortement influencées par les culture mandings organisent leur circoncision, en faisant appel au Kancourang.
Nouha Cissé, intellectuel et spécialiste de la culture mandingue, plaide pour la préservation des valeurs cultures africaines menacées, selon lui, par la mondialisation et l’envahissement de la culture occidentale.
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