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A chacun sa responsabilité!

par Akodien 25 Juin 2007, 12:49 Article de la semaine

Nkrumah.jpg« Divisés nous sommes faibles. Unie, l’Afrique pourrait devenir, et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde. Je suis profondément et sincèrement persuadé qu’avec notre sagesse ancestrale et notre dignité, notre respect inné pour la vie humaine, l’intense humanité qui est notre héritage, la race Africaine, unie sous un gouvernement fédéral, émergera non pas comme un énième bloc prompt à étaler sa richesse et sa force, mais comme une Grande Force dont la Grandeur est indestructible parce qu’elle est bâtie non pas sur la terreur, l’envie et la suspicion, ni gagnée aux dépends des autres, mais basée sur l’espoir, la confiance, l’amitié, et dirigée pour le bien de toute l’Humanité ».
Cette déclaration retentit il ya quelques années, juste après le soleil des indépendances sous les tropiques, par celui qui est encore considéré comme le père du panafricanisme africain: Kwame Nkrumah..
Les écrivians en avaient décrit les contours, revendiquant au passage la légitimité. Les artistes l'ont chanté et continuent encore de nous rappeler le rêve de "tous les grands de ce continent". Qui le deviennent le plus souvent après leur mort.
L'aîné des anciens qui vient de rejoindre le Panthéon africain des "Grands hommes" n'a cessé d'y croire. Peut-être que les générations futures en seront  les témoins.
On ne peut les en voloir à ces écrivians, ces artistes, ces cinéastes, ces idéologues. Mais notre réalité africaine, (n'en déplaise à certains puristes), nous recommande une grande prudence.
Ces derniers jours on ne parle que des Etats-Unis d’Afrique ! Vous savez, cette union sacrée que doivent sceller les Etats africains pour sortir de l’ornière... Cette entité politique qui élèvera le continent noir sur le podium de l’équilibre des forces géostratégiques qui dictent leurs lois au monde...

Cette fédération panafricaine, aboutissement sublimée d’un « shake hands » fraternel et obligé, mais aussi abandon élégant de nos intrigues morbides, de nos égoïsmes fratricides, de nos bassesses avilissantes... Mais y parviendrons-nous jamais ? Sommes-nous prêts ?

On m’a dit « Etats-Unis d’Afrique » et, sans plus trop y penser, jetant soudain l’amertume de la constante désunion dans les profondeurs des mers, je me suis mis à y croire. A croire que demain, oui, juste demain, l’Afrique sera un pays-continent, dont la voix comptera dans le concert mondial. Je me suis laissé séduire par mon rêve de voir, enfin, un seul drapeau flotter sur ce ciel si bleu.

J’aurai une seule nationalité, la nationalité africaine, et il n’y aura plus Ivoiriens du Nord, cantonnés dans une zone rebelle, ni Ivoiriens du Sud, passant mon patronyme au scanner de l’ivoirité. J’irai d’Abuja au Cap, sans que l’on ne me déleste de quelques billets de banque avant de m’accorder le droit de passage. Je transformerai mon regard froid envers mes frères gambiens en un chaleureux et fraternel sourire ...

Les Etats-Unis d’Afrique, comme mon sang et mon cœur les réclament ! Et comme ma tête et mon corps les redoutent ! Surtout que, là, c’est encore parti pour une... partie de cache-cache, les hypocrites jouant, comme à l’accoutumée, leurs jeux d’ombre, tandis que les autres font semblant de croire - et de faire croire - qu’ils sont sincères. Déjà, dans l’attente du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, prévu pour se tenir à Accra, au Ghana, en juillet prochain, avec la question de la mise en œuvre des Etats-Unis d’Afrique comme plat de résistance des discussions, deux écoles s’affrontent sur la méthodologie.

D’un côté, les tenants du « cold feet » (petits pas), qui prônent d’y aller à pas de tortue et, de l’autre, les protagonistes de la « proactive approch », qui invitent, eux, à concrétiser l’affaire à pas vifs et alertes. Alors, je me demande si toute cette gesticulation ne sonne pas à nouveau les trompettes de la désunion qui, naguère, déchira les chantres du panafricanisme et les fit se dresser les uns contre les autres.

De fait, je comprends et je partage la position de Cheikh Tidiane Gadio du Sénégal, ministre des Affaires étrangères de son pays, qui entend bien « faire du lobbying de masse pour signifier aux chefs d’Etat africains l’urgence qu’il y a à fédérer nos Etats, aux frontières marquées par la colonisation, et à aller dare dare aux Etats-Unis d’Afrique ». Cependant, je n’adhère pas moins au scepticisme de mes cousins du principal parti d’opposition d’Afrique du Sud, l’Alliance démocratique (DA), qui estiment que « la formation d’une telle entité n’est envisageable que dans 50 ans » ! Trop de choses, en effet, restent à régler au niveau de nos micros Etats, avant de songer à les fédérer. Non ?

En attendant, les députés du Parlement panafricain (PAP) ne veulent pas du nom « Etats-Unis d’Afrique », trop confusionnel avec celui des « Etats-Unis d’Amérique ». Ils plaident toutefois pour « la mise en place d’un cadre capable de faciliter l’évolution du processus devant mener à la création du gouvernement panafricain », qui sera approuvé lors du prochain sommet de l’Union africaine, à Accra. Et moi, je ne sais toujours pas si je dois y croire. Ou renoncer à me bercer d’illusions. Et si on consultait l’oracle pour savoir si les Africains réussiront enfin à s’entendre sur ce sur quoi ils n’auraient jamais dû se diviser ? Car comme le dirait mon trisaiëul: Ce n'est parcequ'on entend les tam-tams au loin qu'il ya le festin!
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