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Ecran noir pour l'Afrique à Cannes

par Akodien 6 Mai 2008, 22:41 Contributions

Si les films asiatiques seront bien représentés sur la Croisette, c'est loin d'être le cas des longs-métrages africains. Une absence qui traduit les difficultés du septième art sur le continent noir.
L'Afrique sera la grande absente de la 61ème édition du Festival de Cannes qui se déroulera du 14 au 25 mai 2008. Les films du continent ne sont présents dans aucune des différentes sections de ce rendez-vous cinématographique mondial. Aucun long-métrage africain ne figure dans la vingtaine de films sélectionnés pour la compétition officielle. Ce n'est pas tout à fait une nouveauté. L'Afrique court derrière une sélection officielle depuis plus d'une décennie. En fait, le dernier film africain à avoir été choisi dans cette catégorie est Kini et Adams du Burkinabé Idrissa Ouedraogo, sorti en 1997. Et, cinq ans auparavant, le cinéaste sénégalais feu Djibril Diop Mambéty avait réalisé la même performance avec Hyènes.

Quant à Un certain regard, c'est également le même désert. Il n'y a pas l'ombre d'une pellicule africaine. Un certain regard est une sélection parallèle du Festival de Cannes, qui propose chaque année une vingtaine de films. Son prix octroie notamment une aide au niveau de la distribution, pour assurer une plus grande présence dans les salles françaises. Cette distinction n'aurait pas fait de mal à un cinéma africain en manque notoire de visibilité – il est à noter que Moolaadé, de Sembène Ousmane, a été présenté à Cannes en 2004 dans la sélection "Un certain regard". L'Afrique n'a pas non plus le vent en poupe dans les sélections dites parallèles. Pour la Semaine de la critique, organisée par le Syndicat français de la critique de cinéma et qui est habituellement consacrée aux auteurs d'un premier ou d'un deuxième film, il n'y a aucun motif de fierté pour le cinéma africain. Les films du continent ne s'y illustrent que par leur remarquable absence. Et ce n'est pas dans la Quinzaine des réalisateurs qu'il faut espérer trouver mieux.

Mais si les sélections, parallèles ou officielles, de la 61ème édition du Festival de Cannes devaient faire office de bulletin de santé à la cinématographie africaine, il y aurait lieu de s'inquiéter sous les tropiques. Nous avons en effet affaire à un grand corps malade qui n'est pas près de retrouver une bonne mine. Le pronostic est d'ailleurs très pessimiste. Car s'il y a une section cannoise qui peut servir d'indicateur sur l'avenir du film, l'évolution des talents et la qualité de la formation dans le septième art, c'est bien la section Cinéfondation [créée en 1998]. Puisqu'elle présente essentiellement des courts- et moyens-métrages réalisés par des élèves issus des meilleures écoles de cinéma dans le monde. Mais sur cette liste aucun "crack" du continent n'est présent. Si le Festival de Cannes 2008 a fait un black-out total sur les réalisateurs africains, l'Afrique, elle, sera forcément présente sur les écrans. Histoire d'apporter un peu de soleil et de couleurs à l'événement. Et, puisque les clichés sont tenaces, c'est donc sous l'angle le plus connu et le plus montré du continent en Occident qu'on devrait la revoir sur l'écran du palais des festivals : famines, guerres, massacres. A qui la faute ? Johnny Mad Dog, film du Français Jean-Stéphane Sauvaire sur les enfants soldats du Liberia en est l'illustration.

Ceux qui sont à l'affût des têtes crépues et des teints plus basanés – depuis la publication de la liste officielle, le 23 avril dernier –, pourront lorgner du côté du jury du festival dirigé cette année par l'Américain Sean Penn. Car, dans ses rangs, on compte le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb, auteur du film à succès Indigènes. Le Festival de Cannes est la plus médiatique manifestation cinématographique dans le monde. Elle se veut le reflet d'une double nature du cinéma, art et industrie, en favorisant les révélations cinématographiques, les rencontres professionnelles. Certes, ses choix esthétiques sont largement discutés, mais l'absence de films africains sur tous les fronts de la Croisette ne manque pas de donner des frissons au cinéphile africain.




Abdou Rahmane Mbengue
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