Avec en fond de scène la demande insistante des pays émergents qui veulent jouer un plus grand rôle au sein du FMI, Strauss-Khan vient de recevoir un rapport mi-figue, mi-raisin, du Bureau indépendant d’évaluation (BIE) - créé en 2001 pour évaluer, en toute indépendance et objectivité, les politiques et les activités du FMI.
Le BIE souligne les efforts faits par le FMI pour mieux aligner ses conditionnalités avec sa mission, mais remarque du même coup que plus du tiers des conditions imposées aux pays qui veulent bénéficier de son aide ne sont toujours pas liées à cette mission.
Avec bien d’autres, le réseau pour la réforme des institutions financières internationales, reproche au FMI son nombre élevé de conditions pour obtenir un prêt, conditions qui équivalent trop souvent à mettre sous tutelle les finances et les services publics des pays pour lesquels il agit, en quelque sorte, comme un banquier de dernier recours.
Dans le passé, ces conditions ont souvent signifié la privatisation des services publics, (les Plans d'Ajustement Structurels qu'ont connu les pays africains), quand ce n’est leur diminution. Le paradoxe de cette politique est d’avoir empêché l’atteinte des objectifs d’amélioration des conditions de vie des plus démunis que les pays membres de l’ONU se fixaient.
Mais le bon vieux temps est fini. Le FMI n’a plus le haut du pavé. Il est même en sérieuse difficulté. De plus en plus de pays le boudent carrément. Il faut dire que la situation économique de ces pays et l’arrivée de nouveaux joueurs beaucoup moins regardants quand ils accordent des prêts (qui vient de pointer la Chine ?), leur permettent de se passer de ses bons offices.
Ce qui est tout de même incroyable, et que souligne le rapport du BIE, est que le nombre de conditions n’a pas diminué.
Dans un communiqué émis suite au rapport du BIE, le FMI reconnaît que le nombre de conditions demeure toujours élevé - plus de 17 en moyenne par programmes - mais se défend sur le dos des pays donateurs qui exigent d’inclure ces conditions parce qu’elles leur servent d’outils de monitorage de leurs propres programmes.
Pour faire image, le FMI continuait de jouer le rôle du vilain tandis que les politiciens des pays donateurs se pavanaient dans les réunions internationales imbus de leur bonne volonté.
Ce qui est vraiment ironique dans tout ce veau de ville, c’est que la Chine prête avec beaucoup moins de conditions aux pays les moins développés grâce à ses énormes réserves en dollars américains.
Dire que les États-Unis ont été les premiers à insister pour que ces pays libéralisent leurs économies et coupent radicalement dans leurs dépenses publiques.
Il y a tout de même une justice en ce bas monde.