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Non, en Afrique, tout n’est pas mauvais!

par Le Pays 16 Mars 2011, 03:30 Regard de la Diaspora

Lion-of-Africa.jpgIl est bien connu de nous, Africains, qu’il n’y a pas une, mais plusieurs Afriques. Telle est la réalité de ce continent auquel nous sommes, tous les deux, si fiers d’appartenir. Si cette diversité nous inspire, nourrit notre réflexion, nous apprend les langues et les cultures, elle peut être aussi un atout fondamental de développement. Cette diversité devrait d’abord nous garder des généralisations.

Nous le disons clairement: nous ne pouvons plus accepter l’image exclusivement négative qu’on présente de notre continent. Nous ne pouvons plus accepter un afro-pessimisme systématique que certains s’évertuent à faire traverser les générations. Non, en Afrique, tout n’est pas mauvais. L’Afrique croît plus rapidement que les Etats-Unis, l’Europe et l’Amérique du Sud. Depuis dix ans, la croissance par habitant en Afrique sub-saharienne atteint 4% par an. A ce rythme, le niveau de vie moyen doublera en quinze ans. Il y aura près de cinq cents millions d’utilisateurs de téléphones portables sur le continent d’ici deux ans -plus que la population totale de l’Union européenne. L’Afrique regorge de ressources, de potentiels, d’entrepreneurs. Et de réussites.

Mais soyons clairs: nous ne nous voilons pas la face. La pauvreté, la maladie, la faim, l’instabilité et les conflits continuent de sévir par endroits et, en dépit d’importants progrès, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) sont encore hors de portée. Mais nous sommes convaincus que la situation n’est pas désespérée. Nous connaissons la voie qui mène au progrès. Alimentation, santé, éducation, autant de défis incontournables pour améliorer les conditions de vie. Certes, la communauté internationale peut nous apporter son soutien et nous l’encourageons à le faire. Mais nos problèmes ne peuvent être résolus par des solutions imposées de l’extérieur, aussi bien intentionnées soient-elles. Nous le savons bien, la clé pour surmonter ces défis repose sur notre volonté et notre action, tant nationale que locale.

Les programmes de développement gagneraient en effet à s’intéresser davantage aux communautés locales. En soutenant la recherche locale, en intégrant les communautés villageoises dans la gestion et l’élaboration des programmes de développement, nous pouvons participer à la création de programmes plus adaptés et plus efficaces. Des programmes responsabilisant les acteurs locaux, qui participent alors, en première ligne, au développement de leur communauté. Des programmes rendant compte, au fond, de la diversité de notre continent. Là où cette approche a été suivie, elle a donné des résultats très encourageants. Le projet des Villages du millénaire, auquel nous souscrivons sans réserve, a mis en place un programme dans ce sens. Les communautés villageoises, avec le soutien et les conseils de partenaires nationaux et internationaux, déterminent le cap à suivre pour leur propre développement. Chaque Village du millénaire définit ses priorités et actions à entreprendre, comme l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable ou l’utilisation d’engrais pour accroître la productivité agricole. Millenium Promise en partage ensuite les enseignements avec la communauté scientifique internationale. Le premier Village du millénaire a été créé, il y a cinq ans, et le projet concerne aujourd’hui un demi-million de personnes dans dix pays africains, dont le Sénégal. Les progrès dans ces villages sont significatifs. Dans certains d’entre eux, la production alimentaire a augmenté de 300%, réduisant la malnutrition chronique de près de 35% chez les enfants de moins de cinq ans. La distribution de moustiquaires a aussi mené à une réduction de 60% de la prévalence du paludisme dans les villages qui les ont utilisées. L’accès à l’eau potable s’est aussi considérablement amélioré, avec une multiplication par 3 des capacités d’approvisionnement. Ces premiers résultats sont extrêmement encourageants. Ils ont été atteints avec des investissements modestes -environ 40 euros par personne et par an- partagés entre donateurs, ONG, collectivités locales, gouvernements et communautés villageoises. Certes, ces résultats varient en fonction des villages, de leurs locations et des priorités qu’ils se sont fixés, mais ils méritent d’être entendus. Surtout, ils ne sont pas surprenants. Il vaut mieux aider une communauté à s’autoalimenter que fournir de l’aide alimentaire. Les Villages du millénaire ne sont pas, bien sûr, la seule solution. Mais ils offrent un réel espoir. En redonnant la voix aux communautés locales, ils répondent aux besoins et aux ambitions de nombreuses Afriques que partage le continent.

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