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Le Mali fait (espérons) la fierté de l'Afrique

par Bacary Goudiaby 17 Juin 2009, 17:30 Piedestal

Même s’il a pris sa retraite militaire en septembre 2001 afin de pouvoir postuler à la magistrature suprême l’année suivante, l’ex-chef des parachutistes du camp de Koulikoro, Amadou Toumani Touré (ATT), ne peut jamais effacer de sa mémoire les « An bè Saa inoofè », littéralement « nous mourons pour toi » qu’ont poussés des étudiants, des femmes nues et des hommes le 22 mars 1991 dans les rues de la capitale malienne, véritable déferlante qui lui a permis de renverser Moussa Traoré 4 jours plus tard.

D’ailleurs, les tombes des victimes de ces évènements sont visibles au cimetière des Martyrs à l’entrée du centre de Bamako. Organisant à l’époque, dans la foulée, une conférence nationale qui accoucha d’une nouvelle constitution et de la IIIe République, « le soldat de la démocratie » s’éclipsa pour laisser le journaliste-historien Alpha Omar Konaré (AOK) avec son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), occuper le palais de Koulouba en 1992 à l’issue d’une présidentielle «clean», puis en 1997 mais cette fois entachée d’irrégularités et d’embastillements d’opposants.
Son heure sonnera en mai 2002 lorsqu’en candidat indépendant il remportera le jackpot face au nouveau candidat de l’Adema, Soumaila Cissé. Réélu le 29 avril 2007, il prêta serment le 8 juin. Une date fétiche pour l’ex- pensionnaire de l’école interarmes de Kati (EMIA), puisque, désormais, chaque 8 juin il organise une grande causerie pour faire le bilan de son mandat.
L’année 2009, il n’a pas dérogé à cette tradition, rencontrant il y a 72 heures la presse pour dresser l’état des lieux de son Programme de développement économique et social(PDES), pour lequel les Maliens l’ont réélu avec le soutien des confettis de formations politiques.

Presque à mi-mandat de son dernier bail, il a dressé ses acquis tels la lutte contre la vie chère qui a coûté à l’Etat près de 40 milliards de CFA, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, qui a donné lieu à 200 audits sur lesquels se pencheront la justice, la couverture sanitaire des régions septentrionales du Mali (Gao, Tombouctou, Kidal),l’interconnexion électrique Côte-D’ivoire -Mali à partir de Ferkessédougou, la lutte contre les Salafistes...
Cependant une seule chose aura retenu particulièrement l’attention : le serment d’ATT de ne pas replâtrer l’article 30 de la Loi fondamentale relative à l’élasticité du mandat présidentiel. En martelant que « la constitution est très claire et qu’elle sera respectée », ATT met fin à toutes les supputations : il n’est pas tenté par un troisième mandat dont l’interdiction est gravée dans le marbre de la Constitution malienne. Il mérite à cet effet qu’on lui jette des fleurs.
Dans une Afrique où les antécédents peu glorieux foisonnent comme c’est le cas au Burkina Faso, au Togo, au Tchad, au Cameroun, au Niger ... où les constitutions sont charcutées à la hache et au scalpel pour des présidences à vie, certains se doutaient que le chef de l’Etat malien serait tenté de demeurer après 2012 dans le fauteuil présidentiel.

C’est humainement compréhensible, et même Konaré avait caressé cette idée de 3e mandat avant de laisser tomber, mais ATT, en dépit de ses insuffisances dénoncées par le Sphinx (1), a donc choisi la voie de la sagesse et il est vrai qu’il a été aidé en cela par le comité de sages qui avaient examiné la Constitution pour renforcer le verrou de la limitation des mandats. Certes leurs travaux ne sont pas encore déposés, mais ce choix du premier Malien a du mérite et montre que partout sur le continent noir, l’alternance n’est pas une ligne d’horizon si bien que les postulants au pouvoir suprême doivent attendre que la loi de la thermodynamique balise le terrain pour eux, encore que là aussi, rien ne soit joué.
Avec cette annonce, des personnalités telles Tiebélé Dramé, Ibrahima Boubacar Keita (IBK) et surtout Soumaila Cissé, l’actuel président de l’UEMOA et patron de l’URD, peuvent espérer, chacun en ce qui le concerne, monter sur la colline du pouvoir. Dommage que l’exemple d’ATT ne soit pas suivi par certains de ses pairs, qui avouent être fatigués, mais qui ne rêvent pas d’une retraite au milieu de leurs petits -fils.
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