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Artisanat africain deviendra grand un jour!

par Goudiabykunda 21 Octobre 2008, 02:00 Medias d'Afrik et de la Diaspora

Encore trop informel, l’artisanat africain échappe aux chiffres officiels. Et pourtant, il occupe une place importante dans la plupart des économies africaines. Traditionnellement valorisés, les artisans africains sont aujourd’hui soumis à une rude concurrence, notamment de la part des pays asiatiques. Ils doivent faire leurs preuves dans un marché compétitif très moderne.

Bogolans, boucles d’oreilles peul, amulettes touareg. Ces objets ne sont pas seulement des pièces de parures mais aussi une ressource économique pour les artisans qui les fabriquent. Faire comprendre l’importance de l’artisanat dans la croissance économique, c’est le défi qui se pose aujourd’hui pour les artisans africains. Leur profession souffre d’une image négative auprès des bailleurs.

«Je ne comprend pas pourquoi chez nous le mot «artisanat» reste péjoratif!», s’emporte Elméhdi Ag Hamaty, secrétaire général de l’assemblée permanente des chambres de métiers du Mali, intervenant lors de la conférence organisée en marge de la fête de l’artisanat malien à Paris. «Dîtes-moi pourquoi dans ce cas, en France, on paie un pain artisanal deux fois plus cher? C’est bien parce qu’il est de meilleur qualité!»

Un caractère informel qui contrarie les bailleurs
Au Mali, par exemple, l’artisanat représente 10 à 15 % du PIB ; et 30 % pour le Burkina Faso. Au Sénégal, selon la Banque mondiale, le secteur informel génèrerait 97% des créations d’emplois. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié de la population vit de l’économie informelle. Une foule de petits métiers, dont une part d’artisans, occupent les coulisses de la scène économique africaine et font vivre la majorité des habitants. Mais le secteur échappe souvent à la statistique exacte et c’est ce caractère informel qui contrarie les bailleurs. Pour y remédier et redonner confiance aux investisseurs, un certain nombre de pays tentent de formaliser le secteur.

Au Burkina Faso, un village artisanal a été créé en 2000 à Ouagadougou. Près de 400 artisans y sont regroupés sur un même site. Chaque artisan a été sélectionné par un comité pour la qualité de son travail, ce qui permet d’offrir une forme de garantie sur l’origine et la fabrication des produits.

De nombreuses ONG travaillent au développement de l’artisanat en Afrique. Exemple de réussite, Oumar Cissé, un artisan malien spécialisé dans la fabrication de perles et de bijoux, a ouvert un site Internet. Démarché, lors d’un salon à Los Angeles, par l’entreprise Hallmark, il a signé un contrat pour une commande avoisinant les 100.000 dollars. Il a bénéficié de multiples formations entreprenariales prodiguées par des ONG américaines et norvégienne avec, au programme, l’apprentissage de notions d’économie (circuit de distribution), l’adaptation des produits au marché occidental dans l’agencement des couleurs et la création d’un site Internet. Aujourd’hui, Oumar Cissé sillonne le monde pour vendre ses produits et parle l’anglais couramment. Il a même ouvert un musée de la perle traditionnelle à Mopti. Pourtant beaucoup d’artisans restent encore trop isolés.

A quelques stands d’Oumar, à la fête de l’artisanat malien de Paris, c’est une première pour Djiba Cissé. Lui vend des tissus sur le marché N’Golonia, à Bamako. Il n’a jamais participé à un salon et n’a bénéficié d’aucun programme spécifique pour développer son entreprise. Son métier, il en a hérité et l’apprend désormais aux jeunes qui sont tentés par l’aventure : «Rien d’organisé, ils viennent et je leur montre comment faire, c’est tout.»

Créer un label africain

«Il faut créer des réseaux. Seule, la petite entreprise ne peut faire face aux financements, à la formation. Il faut les inciter à s’associer, se regrouper, adhérer aux chambres de métiers», constate Elméhdi Ag Hamaty. «Le Mali possède un gisement d’artisans, mais ils doivent acquérir un esprit d’entreprenariat», ajoute N’Diaye Bah, ministre de l’Artisanat. Des projets d’appui à l’artisanat existent dans ce domaine, notamment entre le programme Cosame, de l’Assemblée permanente des chambres de métiers française (APCM), et les artisans du Congo, du Sénégal, du Cameroun et de Mauritanie. Par le biais de missions de compagnonnage artisanal, ce projet vise à renforcer les compétences techniques et entreprenariales des artisans, mais aussi à les sensibiliser à la nécessité de s’organiser et de mutualiser leurs ressources et compétences.

Autre initiative intéressante : la chambre des beaux-arts de Méditerranée est sur le point de créer un label inédit appelé «Produit culturel de développement ®». Ce label vise à protéger la propriété culturelle des artisans d’Afrique du Nord. Une initiative qui devrait être étendue à l’Afrique subsaharienne. La labellisation pourrait bien redorer l’image de l’artisanat africain sur les marchés occidentaux, mais il ne faut pas oublier le marché local, comme le souligne Jean-François Astoury, consultant français dans le secteur de l’artisanat et des petites entreprises : «Autrefois, l’artisan possédait un statut important dans son village, car il fabriquait des outils usuels et il donnait une identité aux produits. Mais aujourd’hui, il n’a plus d’intérêt économique. Sa calebasse coûte plus cher que la casserole «made in Taiwan», et pour ce qui est de l’identité, les jeunes préfèrent Coca Cola!»




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R
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