N’est-ce pas un non sens de dire de la RDC, de la Guinée Conakry, de la Sierra Leone, pour ne prendre que ces trois exemples en Afrique, que ce sont des pays pauvres? C’est un non sens parce que ces pays sont connus pour être des «scandales géologiques», potentiellement plus riches que le Portugal, la Suisse ou la Grèce que personne ne songe aujourd’hui à ranger même parmi les pays dits à revenus intermédiaires. De fait, le Portugal, la Suisse et la Grèce sont des pays plus développés que la RDC, la Guinée et la Sierra Leone. Mais ce sont des pays moins avancés sur la voie du développement comparés à l’Allemagne, au Canada ou aux Etats-Unis. Ces trois derniers pays, grands parmi les plus grands, demeurent néanmoins, stricto sensu, des pays en voie de développement parce que toujours en quête de croissance et en croisade contre la pauvreté dont sont victimes encore beaucoup de leurs concitoyens.
En valeur absolue, tous les pays sont donc en voie de développement. Et si l’on admet que certains sont plus avancés que d’autres sur cette voie, c’est pour mieux refuser le qualificatif de «pays pauvres» employé pour désigner indistinctement les «pays neufs sous- développés». En effet, à considérer les trois exemples africains donnés plus haut, il nous semble plus approprié d’employer la terminologie «pays sous-développés» pour désigner les pays neufs dont les ressources en tout genre sont insuffisamment mises en valeur. Dans cette logique on dira que le problème de développement des pays africains est moins l’absence de ressources qui ferait d’eux des pays pauvres mais que ce sont plutôt les insuffisances dans la mise en valeur de ces ressources qui font d’eux des pays sous-développés, c’est- à-dire non avancés dans l’exploitation de leurs potentialités. Derrière les mots il y’a des concepts, une vision du monde, voire des clichés, avatars d’un certain afro pessimisme. Voyez comment on parle de l’Asie: c’est en terme de dragon, de miracle économique, de pays émergents et que sais-je encore? Alors n’est-il pas temps de voir aussi en Afrique, dans la description de sa situation socio- économique, le plus à venir au lieu de la figer dans le prisme des difficultés antérieures et présentes? Et pour cause Les pays émergents d’aujourd’hui, les puissances économiques actuelles ont été des pays sous-développés ou si vous préférez, des pays moins avancés en matière de progrès économique et social. C’est connu, l’Europe a mangé son pain noir pendant des siècles, en proie aux endémies, à l’ignorance, aux famines, aux guerres de nationalité pour ne pas dire ethnique, aux dictatures, etc. Bref, les pays du Sud en général, ceux d’Afrique en particulier n’ont pas le monopole des difficultés qui les affectent actuellement. Mieux, à considérer la trajectoire de leur émancipation socio- économique, on peut affirmer que la pauvreté n’est une fatalité pour aucun Etat.
Au demeurant, depuis au moins trois ans on observe un ralentissement de la croissance dans les pays du Nord. La crise financière actuelle n’est pas pour arranger les choses. Tout le contraire des pays africains dont certains ont un taux de croissance à deux chiffres.
En fin de compte, il n’y a pas de quoi désespérer de l’Afrique ni avaliser ces clichés terminologiques réducteurs.