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Qui reigne par les armes...

par Akodien 12 Février 2008, 00:24 Article de la semaine

undefinedDéby est parti des confins soudanais pour s’emparer du pouvoir comme Habré l’avait fait dix ans avant lui. Et aujourd’hui c’est la même histoire qui est en train de se répéter...malgré cette fois-ci un jeu politiquement incorrect de la France.
Dans les années ’80 lorsque Idriss Déby rentre de l’Europe, il rejoint à cette époque « le camarade d’armes », Hissen Habré, alors chef d’état-major entré en rébellion contre Goukouni Weddei, président du défunt gouvernement de transition. Il se hissera plus tard au sommet de l’État. Deux décennies plus tard, l’histoire balbutie sans cesse du côté du Tchad. Ainsi Idriss Déby lui-même est parti des confins du Soudan pour s’emparer du pouvoir comme Habré l’avait fait dix ans avant lui. Ceux qui, en 2008, veulent renverser Déby sont partis, eux aussi, de la frontière soudanaise. Et ce sont des anciens compagnons d’armes à qui Idriss aurait refusé de reverser leur part du butin des pétrodollars tchadiens.
L’encore président tchadien avait aussi vite repris les méthodes dictatoriales d’Habré. Élu président en 1996, il s’est fait réélire sans cesse depuis, modifiant même la constitution en 2004 pour supprimer la limitation des mandats, suscitant de violentes réactions de l’opposition qui n’a plus officiellement voix au chapitre. Déby, manifestement, pensait que le pétrole qui avait commencé à couler au Tchad à partir de 2003 lui permettrait de se maintenir au pouvoir, mais à la faveur de la guerre au Darfour, même son clan s’est lézardé. Et en 2004 il avait notamment échappé à un coup d’État mal organisé par un groupe de rebelles alors qu’il se trouvait aux États-Unis pour des raisons de santé. Son entourage, surtout les militaires, lui reprochent également de ne pas soutenir les Zaghawas du Darfour, une ethnie dont il est originaire.
Les désertions d’officiers vont se multiplier. Des déserteurs qui vont grossir les rangs de la rébellion qui, entre-temps, a trouvé refuge au Soudan. Un coin jugé stratégique par certains rapports des services de la sécurité militaire française basée au Tchad. Et parmi ses opposants un certain Mahamat Nouri.

On se rappelle que la Banque Mondiale, sous la présidence de James Wolfensohn, avait accepté de financer des puits de pétrole au Tchad, à condition que l’argent du pétrole serve à financer l’éducation, la santé et les infrastructures au Tchad. 10 % des recettes sont bloquées sur un compte de la Citibank à Londres « pour les générations futures ». Le reste est affecté à 80% à des secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation ou les infrastructures. Un comité réunissant des membres de l’administration, mais aussi de la société civile, sélectionne les projets.

C’est sous la présidence de Wolfowitz que le président Tchadien Idriss Déby a rompu cet accord, en utilisant lesdits fonds pour financer une guerre contre des milices de groupes d’opposition. Et pour appuyer sa décision d’utiliser ces fonds, il a déclaré qu’il y avait urgence et qu’il fallait parer au plus pressé, face à la menace constante des rebelles. Pour le régime tchadien, le danger vient de l’Est, sur la longue frontière avec la province du Darfour (Soudan) ravagée par une terrible guerre civile. Le président de la Banque mondiale, confronté à cette crise, avait alors fait le choix d’être ferme, et de cesser de reverser au gouvernement tchadien les recettes pétrolières ainsi détournées de leur destination première. James Wolfowitz s’est alors érigé en défenseur des « générations futures » au Tchad, contre un Déby qui ne cherchait qu’à asseoir son emprise personnelle sur le pays.
Aujourd`hui comme dans le passé, c’est le principal chef de la rébellion tchadienne, le général Mahamat Nouri, qui contrôle une grande partie de la capitale, N’Djamena. Bien qu’il ait accepté un cessez-le-feu au Tchad proposé par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, tel que rapporté par l’agence officielle libyenne Jana, il est décidé à faire partir Idriss Deby. Cela n’a pas empêché le gouvernement tchadien de déclarer qu’il avait la maitrise de la situation tandis que le chef de la rébellion serait toujours en pourparlers avec la France et la Libye sans qu’on sache ce qui se négocierait exactement.
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