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La mort d'une combattante

par Akodien 29 Décembre 2007, 18:24 Article de la semaine

Benazir-Bhutto.jpgBenazir Bhutto est née à Karachi le 21 juin 1953 dans une grande famille de politiciens et propriétaires terriens du Sind où la famille Bhutto possède de vastes terres. Elle est la fille aînée de l'ancien président de la République, puis Premier ministre Zulfikar Alî Bhutto, pakistanais d'origine sindhi, et de la Bégum Nusrat Ispahani Bhutto, iranienne d'origine kurde ainsi que la sœur de Murtaza Bhutto.
 

Son éducation commence dans des pensionnats d'anciennes missions catholiques. Elle fréquente les écoles de la Congrégation de Jésus et Marie à Karachi puis à Murree (Pendjab) et de nouveau à Karachi où elle obtient son O-level à l'âge de 15 ans. Elle passe ensuite son A-level à la Karachi Grammar School.

 

En 1969, à 16 ans, après ses études secondaires, elle part pour les États-Unis où elle étudie à Radcliffe College, un collège de l'université Harvard. Elle obtient un Bachelor of Arts en gouvernement comparé en 1973 avec la mention cum laude. Elle est membre de la sorrorité Phi Beta Kappa. Elle poursuit son cursus au Royaume-Uni, à l'université d'Oxford (Lady Margaret Hall) où elle étudie la philosophie, la politique et l'économie en parallèle avec le droit international et la diplomatie. En décembre 1976, elle devient la première femme originaire d'Asie à être élue présidente de l'Oxford Union.

 

En 1977, une fois diplômée, elle rentre au Pakistan pour entamer une carrière diplomatique. Quelques jours après son retour, le gouvernement de son père est renversé par le général Zia ul-Haq.

 

Début de carrière politique
Benazir Bhutto revenue au Pakistan en 1977, après avoir achevé ses études, emprisonnée sous le régime du général Zia puis assignée à résidence surveillée en 1979 avant d'être chassée vers l'exil au Royaume-Uni en janvier 1984 et devient leader du Parti du peuple pakistanais (PPP), parti fondé par son père. Elle exercera de façon autoritaire jusqu'à sa mort une fonction de présidente à vie du PPP, aucune élection n'ayant jamais été organisée au sein du parti. Elle revient au pays en 1986 accueillie triomphalement.

 

De nouveau emprisonnée quelques jours après une manifestation interdite contre le général Zia, elle échappe à un attentat en janvier 1987.
Le 17 août 1988, Zia ul-Haq meurt dans un mystérieux accident d'avion et le 16 novembre 1988, dans le premier scrutin ouvert depuis plus d'une décennie, son parti remporte d'une faible majorité les élections législatives. Elle prête serment en tant que Premier ministre d'un gouvernement de coalition, le 2 décembre, à l'âge de 35 ans et devient la plus jeune personne et la première femme élue démocratiquement à la tête d'un pays musulman.

 

En 1989, elle reçoit le Prix pour la liberté de l'Internationale libérale.
Son gouvernement est démis par le président Ghulam Ishaq Khan sous l'accusation de corruption et d'abus de pouvoir en août 1990, elle comparaît devant des tribunaux spéciaux de septembre 1990 à mai 1991 pour abus de pouvoir, malversations et détournement de fonds public, accusations dont elle sera innocentée en 1994. Son époux, Asif Alî Zadari, est maintenu en détention de 1990 à 1993, puis est acquitté, mais le parti de Bhutto perd les élections de 1990.

 

En 1993, cependant, elle devient à nouveau Première ministre. Elle agit maintenant en politicienne plus chevronnée, fait des alliances, y compris avec des militaires, ce qui lui permet de traiter certains des problèmes de façon plus efficace que lors de son premier mandat, mais elle doit faire face à la montée du fondamentalisme musulman. En 1994, elle s'allie pourtant aux islamistes du Jamiat Ulema-e-lslami (JUI), qui dirige la plupart des madrassas (écoles coraniques) où seront formés les futurs taliban. En 1996 son frère Murtaza est tué dans une fusillade avec la police à Karachi. Elle accuse le président Farooq Leghari d'être impliqué dans sa mort et ce dernier la chasse du pouvoir au milieu d'allégations de dysfonctionnements. En novembre 1996, son parti perd à nouveau les élections au profit de la Ligue musulmane.

 

Lors de son arrivée au pouvoir en 1993, elle confie la politique afghane à son ministre de l'intérieur, le général Nasrullah Babar. En novembre 1994, les Talibans libèrent un convoi pakistanais qui traversait l'Afghanistan pour se rendre au Turkménistan, révélant l'existence d'une alliance stratégique entre les Talibans et le Pakistan, ce dernier souhaitant avoir à sa frontière un Afghanistan stable pour pouvoir développer ses relations avec les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale. Les talibans prennent Kaboul en septembre 1996. Des documents déclassifiés datés du 22 octobre 1996 ont montré que les services secrets américains disposaient d'informations sur des fournitures pakistanaises de nourriture, de carburant et de munitions destinées aux Talibans.

 

Entre condamnations et exils
Afin d'échapper à la justice, elle s'est exilée à Dubai en 1998. Les poursuites judiciaires restent pour l'essentiel en suspens le temps de son exil et jusqu'à l'amnistie décrétée par Musharraf en octobre 2007.

 

En 1999, Bhutto et Zadari sont condamnés pour corruption ; Bhutto, en exil en Angleterre et aux Émirats arabes unis, conteste ce jugement. En 2002, ne s'étant pas présentée au procès en appel, elle est condamnée à ne plus pouvoir pénétrer sur le territoire pakistanais. De plus, le président pakistanais Pervez Musharraf fait voter cette même année un amendement à la constitution interdisant de faire plus de deux mandats de Premier ministre, ce qui lui interdit tout retour au pouvoir. Cette décision est largement considérée comme une attaque directe contre les anciens Premiers ministres Bhutto et Nawaz Sharif.

 

Le 27 janvier 2007, elle est invitée par les États-Unis à prendre la parole devant le président George W. Bush, le Congrès et les responsables du Département d'État.

 

Le retour des bannis
Après huit années d'exil à Londres, Benazir Bhutto est de retour à Karachi, le 18 octobre 2007 afin de préparer les élections législatives de 2008. En larmes, elle est accueillie par de nombreux sympathisants dès sa descente d'avion à l'aéroport international Jinnah. En route pour un rassemblement dans la capitale, deux explosions se produisent. Elle est la cible d'un attentat-suicide, dont elle sort indemne mais 136 personnes sont tuées dont au moins 50 des gardes de sécurité de son parti et 6 policiers (qui formaient une chaîne humaine autour de son camion pour la protéger d'éventuelles attaques) et de nombreux sympathisants.

 

Le 3 novembre alors qu'elle est à Dubaï depuis le 1er novembre pour voir ses enfants, elle rentre après que le président Musharraf a décrété l'état d'urgence pour lutter contre l'augmentation des attentats-suicides et l'ingérence de la justice dans le domaine politique. Il annonce également le report des élections législatives prévues pour la mi-janvier. Le 7 novembre, elle appelle à manifester en masse contre l'état d'urgence. 400 de ses partisans sont arrêtés. Le 8 novembre, Pervez Musharraf annonce la tenue des élections législatives avant le 15 février 2008 et promet de démissionner de son poste de chef des armées avant de prêter serment pour son deuxième mandat en tant que chef de l'État. Le 9 novembre, elle est assignée à résidence pour lui éviter de participer au meeting de son parti interdit par l'état d'urgence et par crainte d'attentats-suicides. Malgré l'interdiction, elle réussit à passer deux barrages de police avant d'être stoppée. Dans la nuit son assignation est levée, le lendemain, elle participe à une manifestation organisée par des journalistes. Dans une déclaration, elle lance un appel à une « longue marche » le 13 novembre entre Lahore et la capitale Islamabad pour exiger du pouvoir la fin de l'état d'urgence et le maintien des législatives mi-janvier. Alors qu'elle souhaite rencontrer l'ancien président de la Cour suprême et leader de l'opposition à Musharraf, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhry assigné à résidence, elle est bloquée par la police. Le 10 novembre, elle part pour Lahore, d'où elle compte mener une «longue marche» de protestation vers la capitale.

 

Le 11 novembre, Musharraf annonce la dissolution du Parlement pour le 15 novembre, la tenue d'élections législatives avant le 9 janvier 2008 et l'abandon de son uniforme de général si sa réélection est validée par la cour suprême.

 

Le 12 novembre, elle annonce que les négociations pour un éventuel partage du pouvoir avec Musharraf sont rompues. Elle menace le président de boycotter les législatives s'il ne met pas fin à l'état d'urgence. Elle est a nouveau assignée à résidence dans la nuit du 12 au 13 novembre pour une période de 7 jours dans le but notamment de l'empêcher de participer à une manifestation interdite prévue le 12 novembre et contre son opposition au président. 20 000 policiers sont déployés à Lahore, dont 4 000 aux abords de la maison où elle séjourne. Le 13 novembre, dans une interview, elle demande à la communauté internationale de cesser de soutenir le président Musharraf et réclame sa démission. Elle exclut également de devenir premier ministre tant qu'il sera au pouvoir. Elle propose à son ancien rival et ancien Premier ministre en exil Nawaz Sharif de former ensemble une alliance. Celui-ci s'est dit favorable à cette proposition. 1 500 de ses sympathisants ont été arrêtés alors qu'ils essayaient de mener la « longue marche » prévue.

 

Le 16 novembre, son assignation est levée quelques heures avant la visite du numéro deux américain des Affaires étrangères John Negroponte. Elle tient une conférence de presse dans laquelle elle affirme que le gouvernement de transition mis en place aujourd'hui avec à sa tête le président du Sénat Mohammedmian Soomro, nouveau Premier ministre et qui est chargé d'organiser, sous l'état d'urgence, les élections législatives et provinciales qui doivent se tenir avant le 9 janvier 2008, n'est pas acceptable.

 

Le 25 novembre, elle annonce sa candidature dans la circonscription sud de Karachi pour les élections législatives du 8 janvier. Alors qu'elle essaye de fédérer l'ensemble de l'opposition face à Musharraf et contrairement à certains partis qui ont appelé au boycott du scrutin, elle n'a pas encore décidé si elle le boycotterait.

 

Le 28 novembre, elle accueille favorablement la démission du président Musharraf de la tête de l'Armée mais s'est dite peu pressée de le reconnaître comme un président civil légitime. Le lendemain, Musharraf prête serment pour un second mandat et annonce la levée de l'état d'urgence pour le 16 décembre. Le même jour, Bhutto annonce que son parti participera aux élections législatives et provinciales du 8 janvier mais se réserve le droit de décider plus tard de les boycotter. Le président Musharraf lève l'état d'urgence le 15 décembre, et annonce que les élections prévues le 8 janvier 2008 seront équitables et transparentes.


Les derniers jours de Benazir Bhutto.

Le 27 décembre 2007, Benazir Bhutto se rend à une réunion du Parti du peuple du Pakistan dans un parc public de Rawalpindi, dans la banlieue sud d'Islamabad. En quittant les lieux, elle salue la foule a travers le toit ouvrant de son véhicule blindé lorsqu'un homme présent tire trois coups de feu dans sa direction avant de déclencher la ceinture d'explosifs qu'il porte sur lui, tuant 20 personnes. Benazir Bhutto n'est pas atteinte, mais se blesse grièvement. Elle est transportée au Rawalpindi General Hospital où son décès est déclaré à 18h16. Le lendemain, elle est enterrée, accompagnée de centaines de milliers de personnes, dans sa ville natale de Garhi Khuda Bakhsh aux cotés de son père, dans le mausolée familial.

 

Sa mort donne lieu à plusieurs manifestations et à des émeutes dans tout le pays ayant fait au moins 32 morts et suscite de nombreuses réactions politiques dans le monde entier.
Cet assassinat perturbe fortement la politique de Washington dans la région, en effet les États-Unis avait besoin d'avoir une carte a jouer pour remplacer Musharraf qui devient chaque jour plus difficile a soutenir.

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commentaires
O
<br /> <br /> Une analyse de la situation au Pakistan par Tariq Ali, c'est en anglais, mais ça vaut le coup de se rafraîchir la mémoire: http://pakistanmartiallaw.blogspot.com/2007/12/daughter-of-west.html
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