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Une vace à lait nommée Afrique

par Akodien 4 Octobre 2007, 10:07 Contributions

vache.jpgPrès de 400 milliards de dollars sont sortis du continent depuis 30 ans. La Cnuced tire la sonnette d’alerte.
La fuite des capitaux continue de priver l’Afrique d’une quantité très considérable de ressources utiles qui auraient pu contribuer à son développement et à la lutte contre la pauvreté. C’est du moins ce que révèlent les experts de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans leur dernier rapport publié mercredi 26 septembre, sur le développement en Afrique. Selon les calculs de la Cnuced, 400 milliards de dollars, soit quelque 200 000 milliards de francs Cfa sont sortis des pays africains depuis les années 70. Une hémorragie qui représente près du double de la dette globale de l’Afrique qui n’était que 215 milliards de dollars en 2005. Ce qui fait dire à Samuel Gayi, économiste à la Cnuced, que l’Afrique est “ créancière nette du reste du monde ”.
Entre 1991 et 2004, la fuite des capitaux a représenté chaque année en moyenne 13 milliards de dollars, “ soit un pourcentage vertigineux de 7,6% du produit intérieur brut (PIB) annuel ” du continent, relève la Cnuced. Pour la seule année 2003, les sorties de capitaux auraient atteint les 30 milliards USD. Ces chiffres sont à mettre en rapport avec ceux de Raymond Baker qui affirmait en 2004 dans les colonnes du Financial Times, que 500 milliards de dollars sortent chaque année des pays les plus pauvres.

Corruption
Le rapport de la Cnuced précise que le tiers des fonds qui s’évadent de l’Afrique, provient des détournements et des opérations de corruption. Ce qui n’est pas loin de l’estimation de la Banque Mondiale selon laquelle entre 20 et 40 milliards de dollars placés sur des comptes en Suisse ou au Royaume-Uni, proviennent des pots-de-vin payés à des dirigeants corrompus dans des pays pauvres, particulièrement africains. Soit près de 40% de l’Aide publique au développement vampirisée par des dirigeants ripoux. Comme l’a révélé l’Ong Transparency International, sur les 28 milliards de dollars versés par la Banque mondiale et le Fond monétaire international au Nigeria, 5 sont allés dans la poche de l’ancien dictateur Sani Abacha, tout comme 5 autres étaient allés dans celle de Mobutu sur les 10 milliards versés au Zaïre.
Les codes des investissements étant essentiellement favorables en Afrique, une grande partie de la fuite des capitaux vient des transferts des bénéfices des grandes sociétés transnationales. Raymond Baker estimait ainsi à près de 40% la part de ces transferts dans la fuite des capitaux. “ En cinq ans les capitaux sont amortis. Le milieu politico-affairiste, notamment français, qui tient l’Afrique peut ainsi engranger des bénéfices considérables qui ne viendront jamais bêtement directement en France. Ils iront grossir les comptes suisses, comme on a pu en avoir une petite idée avec ce qu’on a dévoilé des pratiques de Elf, dans l’affaire du même nom. Ou alors ils effectueront des voyages compliqués, passant, d’un simple clic informatique, aux îles vierges puis à une banque new-yorkaise, pour se retrouver au Luxembourg avant d’atterrir candidement sur le compte d’un honorable particulier des Yvelines ”, explique l’association française Survie.

Amnistie?
Selon la Cnuced, la dette contribue elle aussi considérablement à la fuite des capitaux. Afin de “ stopper cette hémorragie financière ”, la Cnuced suggère aux gouvernements africains d'envisager une amnistie temporaire sur le rapatriement de capitaux “ sans poser de questions ” sur l'origine des fonds. “ Les pays africains pourraient renverser le mouvement de fuite des capitaux s'ils créaient suffisamment de possibilités d'investissement qui puissent intéresser leurs ressortissants vivant à l'étranger ”, selon le rapport. Plus généralement, l'organisme onusien appelle à "mobiliser les ressources financières intérieures cachées des pays africains". Il suggère ainsi de "formaliser" le secteur informel afin d'élargir l'assiette fiscale. Il appelle à réduire par exemple des frais de création d'entreprise “ particulièrement onéreux en Afrique ” comme l'ont fait "spectaculairement" l'Ethiopie ou la Guinée Equatoriale.
Cela étant, les pays africains victimes de cette fuite des capitaux peuvent-ils raisonnablement faire l’économie d’une véritable réforme de son système bancaire ? Les fonds qui quittent le continent ne sont pas toujours transportés dans de grosses mallettes, mais très souvent transférés de banque à banque. Là est aussi une des sources du mal. 

Par Ambroise EBONDA
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