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La ruée vers ...l'Afrique

par Akodien 27 Septembre 2007, 09:52 Contributions

Petrole.jpgLa course aux matières premières a réveillé l’intérêt pour l’Afrique. Les pays concernés doivent en profiter, explique un commentateur béninois, pour faire décoller leur économie, sans tomber dans la dépendance.

Depuis quelques années, l’Afrique connaît un regain d’intérêt de la part de nombreux pays étrangers. Ce ne sont plus seulement les anciennes puissances coloniales qu’elle intéresse, mais aussi les Etats-Unis et les pays émergents – Chine, Inde et Brésil.
Il faut dire que, passé les premières années de la décolonisation et la période d’instabilité chronique qui s’est ensuivie, la relative stabilité sociopolitique du continent – elle-même due à une démocratisation tous azimuts – est naturellement propice aux affaires. Si l’Afrique en intéresse aujourd’hui plus d’un, c’est essentiellement du fait des ressources naturelles dont elle regorge. Il s’agit, entre autres, du pétrole, de l’uranium et du charbon. L’épuisement des ressources naturelles en certains endroits de la planète ou les difficultés d’accès ont tôt fait de transformer ce continent en une réserve de premier choix.
La crise du Darfour, au Soudan, n’aurait sans doute pas mobilisé tant de grandes puissances et d’énergies s’il s’agissait uniquement de se pencher sur le sort de pauvres Soudanais noirs martyrisés par leurs “frères blancs”. Au-delà du génocide perpétré, il y a d’une part la volonté du régime de Khartoum d’expulser les populations noires du Darfour et de le repeupler par les Arabes blancs afin de faire main basse sur ses importantes réserves de pétrole et de bauxite, et d’autre part la volonté de la Chine aussi bien que des puissances occidentales d’être des partenaires privilégiés du Soudan ou des populations du Darfour.
Les traditionnels partenaires européens, qui ont des liens politiques séculaires avec le continent, sont en train d’assister à une ruée sur l’Afrique qui semble les désarçonner. Au point que, s’ils n’y prennent garde, ils risquent fort d’être évincés à terme par les nouveaux partenaires.
Présents depuis longtemps déjà sur la côte du golfe de Guinée – notamment au Nigeria, au Bénin, au Togo et au Ghana –, les Indo-Pakistanais, qui avaient quasiment le monopole du textile, ont vu arriver une horde de Chinois dans le même secteur. Avec la rude concurrence qui s’est instaurée, ces derniers sont en passe d’assurer leur suprématie dans le textile. Et, pour soutenir ses opérateurs économiques, l’Etat chinois multiplie les accords de partenariat avec les pays africains, avec à la clé l’ouverture de centres commerciaux chinois sur place.
Les Indiens et les Pakistanais, qui représentent la plus importante communauté au Nigeria en particulier et dans la plupart des pays de la côte ouest-africaine, ont néanmoins su diversifier leurs affaires. Outre le textile, ils sont omniprésents dans l’exportation du cacao, du karité, de l’acajou et autres produits tropicaux, n’hésitant pas à investir et à faire des recherches en laboratoire.
Pour se garantir des ressources en pétrole, la Chine a résolument pris pied partout sur le continent et rivalise maintenant avec les Etats-Unis et la France. L’exemple le plus éloquent est la guerre larvée pour le contrôle de l’exploitation de l’uranium au Niger.
Si l’Inde reste discrète sur le terrain minier, le Brésil n’est pas dans le même cas. Solidement implanté en Angola et en Guinée-Bissau, où il exploite des gisements pétroliers et continue à prospecter, il gagne du terrain sur le continent. D’autant qu’il propose d’exporter sa technologie de production de biocarburant, une idée qui séduit et pourrait faire tache d’huile. Des pays comme le Bénin – où la pollution atmosphérique commence à sérieusement inquiéter – ont déjà conclu des accords dans cette perspective. Mieux, le président béninois, Boni Yayi, a officiellement demandé à son homologue brésilien, Lula da Silva, de parrainer l’émergence économique du Bénin : tout un symbole des nouvelles relations entre le continent noir et le reste du monde.
Si l’Afrique suscite tant de convoitises, c’est la preuve que les autres continents ont plus que jamais besoin d’elle. Et c’est l’occasion pour elle d’en tirer le meilleur profit et de jeter les bases de son décollage en militant pour un transfert de technologies et de compétences.

Serge Félix N’Piénikoua
La Gazette du Golfe

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