La gestion exemplaire et imparable des deniers publics de la Suède montre la rigueur avec laquelle ses gouvernants se sont imposés une attitude à tenir dans un modèle économique, social et libéral où chaque citoyen sait et doit vivre exclusivement de ses revenus licites.
Le Ministre suédois n’a droit qu’à un ticket de cantine sans dessert comme avantage nourriture par jour. Si au déjeuner de midi, il prend un café, ce dernier est considéré comme un dépassement et il est dans l’obligation de payer à ses frais cet extra au restaurateur car l’Etat ne prend jamais en charge ce supplément. Ce même Ministre suédois utilise impérativement les moyens de l’Etat qui lui sont affectés, tels que sa voiture de fonction et ses communications, pour un ordre professionnel mais pas pour un avantage personnel sinon il se voit facturer la différence par le trésor public. Cette culture de la gestion du patrimoine collectif a fait que récemment, une ministre a démissionné pour avoir dépensé 19 Euros par inadvertance avec une carte de crédit de l’Etat, car l’exercice d’une haute fonction ne donne droit a aucun privilège.
D’ailleurs en France, le Général De GAULLE payait régulièrement ses factures de téléphone et d’électricité quand sa famille et lui habitaient au palais de l’Elysée et pourtant la France était la cinquième économie industrielle du monde.
La culture de gérer les deniers publics, est une mission délicate dont nul n’a le droit d’abuser. Celle ou celui qui a la charge de l’assumer doit être à la fois d’une très grande probité, d’une extrême vigilance et doit mesurer la responsabilité de gérer les deniers avec indulgence et efficacité.
Une économie délabrée comme le Sénégal, qui ne cesse de s’ancrer au sein des Pays les Moins Avancés (PMA) et des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), pour de multiples raisons, devrait s’inspirer du modèle suédois. Cette émission sur la gestion de l’économie suédoise nécessiterait sûrement d’attirer l’attention de nos politiques qui sont fréquemment interpellés par la question récurrente de la bonne gouvernance, de la réduction des dépenses publiques et du train de vie de l’état, surtout pour un pays où 90 % de la population vit dans une précarité incongrue.
L’Etat doit, à travers ses différents corps de contrôle tels que l’Inspection de l’Etat, la Cour des Comptes, la Cour de Discipline Budgétaire et Financière, le Ministère de la Bonne Gouvernance etc.. constituer un rempart, un gage et une brigade de vérification financière pour la protection et l’utilisation à escient de l’argent du contribuable sénégalais. Mais aussi contrecarrer, sanctionner les infractions aux règles de la comptabilité publique, les infractions à la morale administrative et les fautes de gestion. Pour cela, notre pays gagnera à entamer ce processus de réforme en profondeur de son administration qu’il doit transformer en un instrument lui permettant de rationaliser ses choix budgétaires et ses dépenses publiques.
Les économies africaines ont des finances publiques déficitaires, notamment le Sénégal qui a un train de vie très élevé et une politique financière qui budgétise mal les dépenses publiques. Pis, l’Etat crée des charges supplémentaires inutiles et budgétivores.
Pour l’année 2006, notre budget était estimé à 1360 milliards dont les 110 représentaient les salaires des élus locaux et des parlementaires. Pourtant nos attentes macroéconomiques n’étaient pas escomptées.
En effet, le Sénégal a vu sa croissance tourner autour de 2%, résultat d’un déficit budgétaire qui a presque doublé en atteignant 6% de son produit intérieur brut. Cet écart est en partie dû au non respect de la masse globale salariale qui était plafonnée à 266,3 milliards de FCFA dans le budget de 2006 et qui est finalement passée à plus de 286,2 milliards de FCFA . Un autre facteur vient expliquer ce lourd déficit : il s’agit des transferts financiers de l'Etat vers ses sociétés publiques et parapubliques telles que la SENELEC, les ICS, la LONASE et la SAR, qui sont confrontées à de graves crises de trésorerie. Ces transferts financiers ont été évalués à plus de 140 milliards de FCFA contrairement à la dotation initiale de moins de 70 milliards FCFA prévus par la Loi de Finances 2006.
Pour conclure, un Etat est une entreprise qui par principe doit maximiser ses profits, rationaliser ses dépenses et générer des bénéfices. Notre pays doit équilibrer son déficit budgétaire, réduire son train de vie, rationaliser ses dépenses et maximiser ses recettes.
Or le Sénégal a un gouvernement pléthorique, des institutions budgétivores, inutiles, un train de vie très élevé, des emplois de complaisance rallongeant la masse salariale très élevée.
Pis, en toute honnêteté intellectuelle, nous accumulons un déficit dans des domaines tels que la bonne gouvernance, la bonne gestion des affaires publiques, les droits politiques, civils et de l’homme, la stabilité politique et la lutte contre la corruption.
Par Cheikh Sidiya
DIOP
Analyste Auditor JJW France
Secrétaire Général de la Ligue des Masses/ Mouvement pour Sauver le Sénégal
dcheikhsidiya@yahoo.fr/ csdiop.audit@jjwhotels.com