« Ah voilà Bamboula », « Ne prends pas ma règle tu vas la salir » ou encore « Chouaib, souris la nuit, sinon je vais t’écraser » ; voilà le type d’insultes que Chouaib, adolescent de 17 ans originaire d’Angola, a supporté en classe, d’octobre 2006 à février dernier, de la part de son professeur de mathématiques. L’enseignant de 52 ans, jugé mardi 20 août dernier par le tribunal correctionnel d’Epinal, ne s’est pas présenté à l’audience « à cause d’un état de stress consécutif aux accusations portées à (son) encontre », a-t-il expliqué dans une lettre adressée au président du tribunal.
N’osant pas se plaindre, « pour ne pas faire d’histoires », a-t-il déclaré durant l’audience, Chouaib ne répondait rien aux « Retourne dans ton pays manger des bananes » ou autre « Tu es noir, tu voles ». Ce sont quatre élèves de la classe de seconde technique qui ont dénoncé le professeur à la direction du lycée.
« J’ai tenu des propos indignes de la part d’un professeur, je l’ai traité de Bamboula parce que son comportement jovial en cours me faisait penser à un fêtard », a-t-il tenté de s’expliquer. Me Jiurana a précisé que son client s’était « excusé à de nombreuses reprises » et avait déjà « été sanctionné d’un blâme par l’autorité administrative ».
Un tiers des jeunes scolarisés percevrait des discriminations
Selon une enquête du Mrap sur la perception du niveau de racisme et de discriminations dans le milieu éducatif, réalisée en 2005, « il existe un vrai problème de perception d’un racisme «passif» ou latent de la part des enseignants, essentiellement sous la forme «d’attitudes de mépris ou de rejet» par plus du tiers de la population scolarisée».
Un jeune sur trois scolarisés percevrait donc ce type de discriminations « souvent ou quelquefois » venant de la part des enseignants. « Il s’agit clairement du premier degré de discrimination, celle qui s’exprime passivement, et pour cette raison, plus difficile à combattre », révèle l’enquête.
Comme quoi tout ce qui se dit n'est pas exclusivement du domaine de la paranoïa.